Colloque Marius Barbeau | Compte rendu et résumés des communications

Partager:

Colloque international Présence de Marius Barbeau — L’invention du terrain en Amérique française — Autour d’un legs centenaire (1914–2014). ColloqueBarbeau

Plus d’une quar­an­taine d’ethnologues et autres spé­cial­istes en prove­nance du Québec, de l’Ontario, de l’Acadie, de la France et des États-Unis ont par­ticipé à ce col­loque. Ils y ont présen­té les résul­tats de leurs recherch­es dans les champs de la lit­téra­ture orale, de la musique, de la cul­ture matérielle, sans oubli­er les méth­odes de recherche sur le ter­rain, les tech­niques d’archivage et leur inter­pré­ta­tion, en référence à l’influence de Mar­ius Bar­beau sur leurs travaux.

Compte ren­du du col­loque et résumé des com­mu­ni­ca­tions…

Compte ren­du du Col­loque inter­na­tion­al Présence de Mar­ius Bar­beau — L’in­ven­tion du ter­rain en Amérique française — Autour d’un legs cen­te­naire (1914–2014), tenu au Domaine For­get, 2 au 5 octo­bre 2014.

Ce col­loque fut organ­isé par la Société québé­coise d’ethnologie (SQE), la Société d’histoire de Charlevoix et le Cen­tre de recherche sur l’histoire et le pat­ri­moine de Charlevoix en parte­nar­i­at avec la Chaire de recherche du Cana­da en oral­ité des fran­coph­o­nies minori­taires d’Amérique (Cofram — Uni­ver­sité Sainte-Anne). Il a réu­ni plus d’une quar­an­taine de spé­cial­istes en prove­nance du Québec bien sûr, mais égale­ment de l’Ontario, de l’Acadie, de la France et des États-Unis. Ces eth­no­logues et autres spé­cial­istes sont venus présen­ter les résul­tats de leurs recherch­es dans les champs de la lit­téra­ture orale, de la musique, de la cul­ture matérielle, sans oubli­er les méth­odes de recherche sur le ter­rain, les tech­niques d’archivage et leur inter­pré­ta­tion, en référence à l’influence de Mar­ius Bar­beau sur leurs travaux, comme on le ver­ra dans la présen­ta­tion des com­mu­ni­ca­tions.

Cet événe­ment soulig­nait, en même temps que l’in­ven­tion de la tra­di­tion orale comme dis­ci­pline sci­en­tifique, le tren­tième anniver­saire de la Société d’his­toire de Charlevoix qui accueil­lit les par­tic­i­pants au Pays des gour­ganes du 2 au 5 octo­bre 2014 sur le site enchanteur du Domaine For­get à Saint-Irénée dans la belle région de Charlevoix au Québec. Comme le men­tion­nait Jean-Pierre Pichette, le prési­dent de la SQE à la fin de cette ren­con­tre mémorable :

Monsieur Jean-Pierre Pichette. Photo Claude Jeanelle
Mon­sieur Jean-Pierre Pichette. Pho­to Claude Jeanelle

« Les échos qui nous parvi­en­nent, tant des inter­venants que des par­tic­i­pants au col­loque que nous venons de con­sacr­er à Mar­ius Bar­beau, sont générale­ment louangeurs et mon­trent bien que tout le monde sem­ble avoir prof­ité des ren­con­tres faites durant ces trois jours.

Il faut dire que la qual­ité des inter­venants et de leurs inter­ven­tions n’est pas étrangère à cette réac­tion favor­able. Aus­si, je me dois de remerci­er ici cha­cun de vous qui vous êtes engagés à présen­ter une com­mu­ni­ca­tion et qui avez tenu parole. Je réitère aus­si ma recon­nais­sance envers les per­son­nes qui ont col­laboré de plus près à la tenue de ce col­loque, notam­ment les mem­bres du comité sci­en­tifique et organ­isa­teur :

messieurs Serge Gau­thi­er, du Cen­tre de recherche sur l’histoire et le pat­ri­moine de Charlevoix, et Chris­t­ian Har­vey, de la Société d’histoire de Charlevoix, qui en ont été les ini­ti­a­teurs, les arti­sans et les hôtes ; messieurs Jean Simard et Bertrand Berg­eron, de la Société québé­coise d’ethnologie et de la revue d’ethnologie de l’Amérique française Rabas­ka, qui m’ont per­son­nelle­ment assisté dans sa pro­gram­ma­tion. »

Monsieur Serge Gauthier
Mon­sieur Serge Gau­thi­er

Les textes des exposés seront pub­liés. Les mem­bres en règle de la Société québé­coise d’ethnologie en seront avisés. Si vous n’êtes pas mem­bre, vous pou­vez le devenir en suiv­ant les modal­ités indiquées sur notre site web en cli­quant ici.

Ce col­loque a été ren­du pos­si­ble grâce aux généreux parte­naires suiv­ants : le Con­seil de recherch­es en sci­ences humaines du Cana­da, le Secré­tari­at des affaires inter­gou­verne­men­tales cana­di­ennes du Québec,  les parte­naires de l’Entente de développe­ment cul­turel de la MRC de Charlevoix-Est et le min­istère de la Cul­ture et des Com­mu­ni­ca­tions du Québec, la Société québé­coise d’ethnologie (SQE), la Société d’histoire de Charlevoix, le Cen­tre de recherche sur l’histoire et le pat­ri­moine de Charlevoix et la Chaire de recherche du Cana­da en oral­ité des fran­coph­o­nies minori­taires d’Amérique (Cofram — Uni­ver­sité Sainte-Anne).

Présen­ta­tion 

En 1914, l’anthropologue Mar­ius Bar­beau (1883–1969), jusqu’alors voué à l’étude des autochtones de l’est du Cana­da, com­mence à s’intéresser aux tra­di­tions orales des pop­u­la­tions français­es du Québec et du Cana­da. La région de Charlevoix con­stitue un des pre­miers lieux d’enquête sur le ter­rain du chercheur. Ce tour­nant devait s’avérer mar­quant pour l’institution des études en eth­nolo­gie du Cana­da français. Aus­si, le col­loque, qui s’est tenu au Domaine For­get de Saint-Irénée, au cœur même de la région de Charlevoix, est-il l’occasion de soulign­er ce cen­te­naire et de mesur­er le chemin par­cou­ru par ce pio­nnier. L’impact qu’il eut sur l’évolution de ce champ de recherche, notam­ment sur les régions priv­ilégiées et sa recon­nais­sance en milieu uni­ver­si­taire, est aus­si à l’ordre du jour.

Prob­lé­ma­tique 

Chez Mar­ius Bar­beau, l’enquête orale représente un exer­ci­ce indis­pens­able. Ses recherch­es impliquent au préal­able un séjour sur le ter­rain afin de se doc­u­menter auprès d’informateurs. Mais le chercheur ne se lais­sait pas aller à une démarche d’enquête hasardeuse. Avant même de s’y retrou­ver, il avait réfléchi sur les régions qu’il vis­i­tait, il con­nais­sait leur his­toire, leurs tra­di­tions, et il voulait enrichir un champ presque neuf de con­nais­sances, alors appelées folk­loriques. C’est ain­si qu’il a pu doc­u­menter des pans impor­tants de la tra­di­tion orale des Français d’Amérique, et ses décou­vertes, notam­ment dans le domaine de la chan­son et du con­te dont il est un pio­nnier incon­testable, tien­nent d’une démarche véri­ta­ble­ment sci­en­tifique qui sus­cite encore aujourd’hui l’admiration par son éten­due et sa pro­fondeur. L’héritage pat­ri­mo­ni­al qu’a con­sti­tué et dif­fusé Mar­ius Bar­beau durant plus d’un demi-siè­cle est-il main­tenant d’un autre âge ? En quoi sa méth­ode de recherche a‑t-elle renou­velé les con­nais­sances en pat­ri­moine, tant dans le domaine de l’oralité que dans les autres com­posantes de la tra­di­tion ? Sa quête de tra­di­tions orales auprès des Français d’Amérique a‑t-elle eu des suites durables ? Qui sont ses héri­tiers et que reste-t-il de son héritage ? Le cadre région­al qu’il a util­isé est-il encore per­ti­nent ? La tra­di­tion orale française sus­cite-t-elle encore l’intérêt des chercheurs de nos jours ?

Autant de ques­tions aux­quelles ce col­loque souhaite répon­dre et qui déter­mi­nent les prin­ci­paux axes retenus.

Mar­ius Bar­beau, le chercheur, sa méth­ode et ses décou­vertes. Quel était l’état des con­nais­sances en amont de Mar­ius Bar­beau ? Com­ment mesur­er sa con­tri­bu­tion dans les gen­res de la lit­téra­ture orale qu’il a priv­ilégiés (con­tes et légen­des, rimes et chan­sons), et dans les autres domaines qu’il a touchés ? Que lui a apporté le ter­rain, et par­ti­c­ulière­ment l’enquête orale directe, comme source de savoir ? Que valent aujourd’hui ses travaux ?

Qui sont les héri­tiers de Mar­ius Bar­beau ? Qui sont ceux qu’il a lui-même mobil­isés et ceux qui s’en récla­ment ? Quel impact ses col­lectes et ses études ont-elles eu sur la dif­fu­sion du pat­ri­moine oral et sur la recherche actuelle en eth­nolo­gie ? Que reste-t-il main­tenant du tra­vail de ter­rain accom­pli par ce précurseur, notam­ment dans le domaine de la chan­son et du con­te ?

Depuis Mar­ius Bar­beau, quelle est la per­ti­nence de la région comme lieu d’enquête en tra­di­tion orale des Français d’Amérique ? Au Québec (Beauce, Sague­nay, Bas-Saint-Lau­rent et le cas de la région de Charlevoix qui sera exploré plus spé­ci­fique­ment), au Cana­da (Acadie, Nord de l’Ontario, Ouest cana­di­en) et aux États-Unis (Louisiane notam­ment) ?

Comité sci­en­tifique et organ­isa­teur 

Serge Gau­thi­er, Cen­tre de recherche sur l’histoire et le pat­ri­moine de Charlevoix Jean-Pierre Pichette, Uni­ver­sité Sainte-Anne et Société québé­coise d’ethnologie Jean Simard, Société québé­coise d’ethnologie Bertrand Berg­eron, Rabas­ka, revue d’ethnologie de l’Amérique française Chris­t­ian Har­vey, Société d’histoire de Charlevoix 

Pro­gramme Le jeu­di 2 octo­bre 2014
18h-19h00 Accueil
19h-20h
Mot de bien­v­enue
Ori­en­ta­tions du col­loque (30e de la Société d’histoire de Charlevoix, expo­si­tion)
Allo­cu­tion d’ouverture Serge Gau­thi­er, Mar­ius Bar­beau. Été 1916
Vins et fro­mages

 

Le ven­dre­di 3 octo­bre 2014

8h30-10h00
Pre­mière séance : Ter­rain et ter­ri­toire – le Pays des gour­ganes 
Prési­dent de séance Serge Gau­thi­er
Serge Gau­thi­er Charlevoix est-il un pays enchan­té pour Mar­ius Bar­beau ?
Chris­t­ian Har­vey Car­togra­phie des ter­rains d’enquête de Mar­ius Bar­beau dans Charlevoix (1916–1940)
Jean-Benoît Guérin-Dubé Des por­teurs de tra­di­tion orale : les Morneau de Baie-des-Rochers

10h00-10h30 Pause

10h30-12h00 Deux­ième  séance : Ter­rain et ter­ri­toire – Bar­beau et l’oralité
Prési­dent de séance Bertrand Berg­eron
Aurélien Boivin Le Sague­nay légendaire : un hom­mage aux hum­bles habi­tants
Bertrand Berg­eron   Ter­ri­toire et ter­rain
Amelia-Ele­na Ape­trei Bar­beau et les con­tes : une per­spec­tive lit­téraire
Ronald Labelle « Une fois, il y avait un jeune eth­no­logue… »

12h00-13h00  Dîn­er en com­mun

13h00-14h30

Troisième séance : Bar­beau et l’oralité : la chan­son
Prési­dent de séance Mar­lène Bel­ly
Mar­cel Bénéteau, Mar­ius Bar­beau et la chan­son tra­di­tion­nelle française
Louis-Mar­tin Savard Joseph-Thomas LeBlanc et le « romancero aca­di­en »
Jean-Pierre Pichette Le Romancero du Cana­da : une syn­thèse à la croisée des  chemins

14h30-15h00 Pause

15h00-16h30

Qua­trième séance : Bar­beau, pro­mo­teur de la tra­di­tion
Prési­dent de séance Lau­ri­er Tur­geon
Diane Joly La cor­re­spon­dance Édouard-Zotique Mas­si­cotte – Mar­ius Bar­beau : un dia­logue dynamique autour du folk­lore
Danielle Mar­tineau  La col­lab­o­ra­tion entre Adélard Lam­bert et Mar­ius Bar­beau
Pierre Char­trand Mar­ius Bar­beau et la danse

16h30-18h00 Cinquième séance : Table ronde I –  Nos tra­di­tions à l’Université 

Prési­dent de séance Jean-Pierre Pichette

Par­tic­i­pants : Jean-Pierre Pichette (« Nos tra­di­tions à l’Université », Uni­ver­sité Sainte-Anne),
Mar­cel Bénéteau (Les quar­ante ans du pro­gramme d’ethnologie, Uni­ver­sité de Sud­bury),
Lau­ri­er Tur­geon (L’enseignement de l’ethnologie à l’Université Laval de Bar­beau à aujourd’hui),
Philippe Dubois (L’ethnologie à l’Université Laval : une tra­di­tion d’innovation en con­stante évo­lu­tion),
Jean-François Simon (L’ethnologie au Cen­tre de recherche bre­tonne et cel­tique, Uni­ver­sité de Brest)
19h00 Bar­be­cue aux Écuries du Domaine For­get
Présen­ta­tion du film :
Jean Simard Mar­ius Bar­beau et le folk­lore cana­di­en-français (Onf, 1959)

 

Le same­di 4 octo­bre 2014

8h30-10h00 Six­ième séance : Musées, muséolo­gie, archives
Prési­dent de séance Fañch Pos­tic
Mar­ilie Labon­té De la sauve­g­arde du pat­ri­moine à la muséolo­gie : Mar­ius Bar­beau
Vanes­sa Fer­ey Les travaux de Mar­ius Bar­beau au sein du Musée de l’Homme de Paris
Louise Lalonger Dévoil­er la couleur : ren­con­tre de la tra­di­tion orale et de l’analyse sci­en­tifique
Benoît Théri­ault Les archives de Mar­ius Bar­beau, une richesse à décou­vrir ou à redé­cou­vrir

10h00-10h30 Pause

10h30-12h00 Sep­tième séance : For­ma­tion et statut du chercheur
Prési­dent de séance Jean-François Simon
Joce­lyn Gad­bois Mar­ius Bar­beau chez les évo­lu­tion­nistes (1907–1914)
Mar­lène Bel­ly Mar­ius Bar­beau, Patrice Coirault : de démarch­es pio­nnières en voies/voix de maîtres
Fañch Pos­tic et Jean-François Simon Du folk­lore à l’ethnologie : « Tra­di­tions pop­u­laires » et pro­jet uni­ver­si­taire en Bre­tagne
Michel Val­ière et Michèle Gardré-Val­ière Mar­ius Bar­beau, Le Rossig­nol y chante, et nous, et nous…

12h00-13h00 Dîn­er en com­mun 

13h00-14h30 Huitième séance : Table ronde II –  L’apport de Bar­beau aux arts religieux et pop­u­laires
Prési­dent de séance Jean Simard
Par­tic­i­pants :
Jean Simard (Depuis l’île d’Orléans, Mar­ius Bar­beau décou­vre l’art religieux du Québec),
Anne-Marie Poulin (Le « bou­ton­né » de Charlevoix : per­ti­nence d’une décou­verte),
Richard Dubé (La recherche ethno­graphique d’aujourd’hui, méth­odes et défis),
Jean-François Blanchette (Mar­ius Bar­beau et l’authenticité de la tra­di­tion en art pop­u­laire)

14h30-15h00 Pause

15h00-16h00 Neu­vième séance : Influ­ences divers­es
Prési­dent de séance Aurélien Boivin
Vir­gil Benoit La con­cep­tion du bon­heur dans la dias­po­ra québé­coise
Marc-André Fortin La tra­duc­tion de « The Down­fall of Tem­la­ham » : retours tran­scul­turels

 

16h 00–17h30 Dix­ième séance : Table ronde III – Bar­beau et le ter­rain : un exem­ple pour demain ? Qu’en pensent les chercheurs d’aujourd’hui ?
Prési­dent de séance Chris­t­ian Har­vey
Par­tic­i­pants : Benoît Théri­ault, Chris­t­ian Har­vey, Joce­lyn Gad­bois, Pas­cal Huot

 

19h00-19h30 Lance­ment d’ouvrages en eth­nolo­gie et sur Charlevoix

19h30-21h30 Ban­quet Repas du ter­roir de Charlevoix : Au pays des gour­ganes

Allo­cu­tion de clô­ture Jean-Pierre Pichette Bar­beau : au-delà du sou­venir
Ani­ma­tion  Chan­sons de tra­di­tion orale :
Danielle Mar­tineau et Guil­laume Savard

Le dimanche 5 octo­bre 2014

10h00-14h00 Excur­sion sur les traces des enquêtes de Mar­ius Bar­beau (Repas inclus au Relais des Hautes-Gorges)

14h00  Retour et fin du col­loque

Résumés des com­mu­ni­ca­tions

Ape­trei, Amelia Ele­na [Uni­ver­sité de Mon­tréal] Bar­beau et les con­tes : une per­spec­tive lit­téraire En 1916, Mar­ius Bar­beau com­mençait la pub­li­ca­tion dans The Jour­nal of Amer­i­can Folk-Lore d’un cor­pus de con­tes du Québec, recueil­lis par lui-même auprès de paysans con­teurs illet­trés. C’était une démarche orig­i­nale, car le grand anthro­po­logue refu­sait la réécri­t­ure – pra­tiquée habituelle­ment par les écrivains – en faveur d’une tran­scrip­tion « sci­en­tifique » des paroles des con­teurs. Selon Bar­beau, ces con­tes étaient un vrai tré­sor lin­guis­tique et folk­lorique : on y décou­vrait « le par­ler français ances­tral pur et intact » ain­si que le « folk­lore de la France au temps de Riche­lieu ». Par ailleurs, ces con­tes – ain­si pro­tégés con­tre toute inter­ven­tion défor­mante – trou­vent leur spé­ci­fique dans une hybrid­ité sur­prenante : le sché­ma du con­te y rejoint celui du réc­it d’aventures et les motifs « mythologiques » s’actualisent pour faire appa­raître non pas le monde de l’époque de Riche­lieu, mais bel et bien celui des chas­seurs et des coureurs des bois cana­di­ens-français.

Bel­ly, Mar­lène [Uni­ver­sité de Poitiers] Mar­ius Bar­beau, Patrice Coirault : de démarch­es pio­nnières en voies/voix de maîtres En 1914, Mar­ius Bar­beau se lance dans la col­lecte des tra­di­tions orales des pop­u­la­tions français­es du Cana­da. Cette même année, Patrice Coirault achève celle con­duite sur l’Hexagone en Deux-Sèvres et Béarn autour de la chan­son tra­di­tion­nelle. Deux hommes, deux œuvres qui, de manière indé­ni­able, ont mar­qué les recherch­es autour de la lit­téra­ture orale. En s’en ten­ant au genre chan­son de trans­mis­sion orale, le pro­pos met­tra en regard les démarch­es de ces deux eth­no­logues. Il situera l’acte de col­lecte au cœur d’une réflex­ion sci­en­tifique et en pré­cis­era les apports tout autant dis­tincts que com­plé­men­taires. Si ces deux pio­nniers ont large­ment ouvert la voie d’une anthro­polo­gie des faits musi­caux alors nais­sante, il importera, égale­ment, de posi­tion­ner leurs travaux dans la con­tem­po­ranéité du champ dis­ci­plinaire.

Bénéteau, Mar­cel [Uni­ver­sité de Sud­bury] Mar­ius Bar­beau et la chan­son tra­di­tion­nelle française En 1918, Mar­ius Bar­beau recueil­lait Le Berg­er Col­in, chan­son oubliée en France et venue, selon lui, avec les colons du bas Saint-Lau­rent où « elle allait bien­tôt s’endormir de son dernier som­meil ». Il ne pou­vait savoir que, soix­ante-quinze ans plus tard, elle serait tou­jours chan­tée sur les rives de la riv­ière Détroit, plus de mille kilo­mètres en amont du lieu de son éter­nel repos. Loin d’être le pre­mier (ou le dernier) folk­loriste à croire qu’il sai­sis­sait au dernier moment notre héritage du bord du néant, Bar­beau sem­ble avoir eu une con­cep­tion par­ti­c­ulière­ment idéal­iste de la chan­son tra­di­tion­nelle. Son œuvre mon­u­men­tale et incon­tourn­able sur la chan­son est néan­moins tis­sée de notions médié­val­istes et préoc­cupée par la recon­sti­tu­tion des « chan­sons orig­i­nales » par l’entremise de ver­sions cri­tiques. Cette com­mu­ni­ca­tion pro­pose d’examiner la con­cep­tion de la chan­son tra­di­tion­nelle qui ani­mait Bar­beau et l’effet que celle-ci a eu sur la col­lecte et la dif­fu­sion du réper­toire au Cana­da français.

Benoit, Vir­gil [Uni­ver­sité du North-Dako­ta] La con­cep­tion du bon­heur dans la dias­po­ra québé­coise Il s’agit d’un sur­vol métic­uleuse­ment doc­u­men­té de la con­cep­tion du bon­heur des mem­bres de la famille de Magloire Lalande et Agnès Lafram­boise de Sainte-Scholas­tique (Mirabel), Québec, et les Lalande de la paroisse de Folle Avoine/Wild Rice au Dako­ta du Nord, États-Unis, cou­vrant la péri­ode de 1900–2010. La présen­ta­tion fait revivre les habi­tudes et les valeurs de la vie domes­tique et sociale cul­tivées et partagées des frères, sœurs, cousins et cousines Lalande des deux régions. Grâce à des vis­ites et séjours exé­cutés entre les mem­bres de famille des deux régions et une doc­u­men­ta­tion diverse qu’ils ont lais­sée, aug­men­tée d’entrevues des années 2000, on décou­vre l’esprit partagé des mem­bres de cette famille par chan­son, jour­nal intime, pho­togra­phie, et formes divers­es d’histoires racon­tées ou écrites de la péri­ode cou­verte par cette étude, le tout étant en lien avec des intérêts et démarch­es sim­i­laires à ceux de Mar­ius Bar­beau, qui inspirent encore aujourd’hui par l’esprit d’ouverture et la sen­si­bil­ité dans la pour­suite de con­naître les pra­tiques pop­u­laires dans l’Amérique française.

Berg­eron, Bertrand [Col­lège d’Alma et Société québé­coise d’ethnologie] Ter­ri­toire et ter­rain Ma com­mu­ni­ca­tion com­portera deux volets : 1 – D’une inven­tion à l’autre ou com­ment le vaste ter­ri­toire du Sague­nay fut à la fois inven­té par Jacques Carti­er, selon le dire de Don­na­cona, et par Mar­ius Bar­beau, selon le dire de ses infor­ma­teurs en pays de Charlevoix dans le Sague­nay légendaire. 2 – D’un ter­rain à l’autre ou com­ment le ter­rain ethno­graphique de Mar­ius Bar­beau a inspiré le ter­rain his­torique de Vic­tor Trem­blay, fon­da­teur de la Société his­torique du Sague­nay, à tra­vers leur cor­re­spon­dance.

Blanchette, Jean-François [Musée cana­di­en de l’histoire] Mar­ius Bar­beau et l’authenticité de la tra­di­tion en art pop­u­laire La recherche des tra­di­tions en art pop­u­laire et de leurs orig­ines à l’époque même où la moder­nité les men­ace de dis­pari­tion amène Mar­ius Bar­beau à met­tre ces tra­di­tions en valeur et à favoris­er leur per­sis­tance. Ses actions trou­vent leur écho à l’époque de la crise économique où juste­ment cer­tains prô­nent le retour à la terre et aux activ­ités domes­tiques qui per­me­t­tront de sub­venir aux besoins de la famille. Par ailleurs, l’approche de l’anthropologue est con­fron­tée à la vision de cer­tains qui croient, comme Jean-Marie Gau­vreau, qu’il faille rem­plac­er cer­taines de ces tra­di­tions par des élé­ments de moder­nité afin de créer des pro­duits arti­sanaux pour le marché. Com­ment se dévelop­pent les réflex­ions et les actions des divers inter­venants dans le main­tien des tra­di­tions d’une part et leur adap­ta­tion aux exi­gences de la moder­nité d’autre part ? C’est ce que j’explorerai ici.

Boivin, Aurélien [Uni­ver­sité Laval, Québec] Le Sague­nay légendaire : un hom­mage aux hum­bles habi­tants Qu’est-ce qui pousse Mar­ius Bar­beau à pub­li­er, en 1967, Le Sague­nay légendaire, dont cer­tains textes avaient paru dans des revues ? Que retient-il de son con­tact avec cette région qu’il a arpen­tée avec Mgr Vic­tor Trem­blay, fon­da­teur de la Société his­torique du Sague­nay ? Com­ment procède-t-il pour faire con­naître cette région qu’il con­sid­ère géo­graphique­ment selon les anci­ennes fron­tières, sans qu’il s’en explique dans l’introduction ? Quelle méth­ode choisit-il ? Com­ment procède-t-il pour faire con­naître ses habi­tants et quelques-uns de ses héros devenus légendaires ? Nous répon­drons à ces ques­tions, en nous attar­dant aux buts que Bar­beau pour­suit : ren­dre hom­mage aux petites gens, qui ont façon­né ce coin de pays. Nous ten­terons un rap­proche­ment avec Joseph-Charles Taché et ses Forestiers et voyageurs, car Bar­beau a immor­tal­isé les us, cou­tumes, tra­di­tions et métiers de ces habi­tants, qui ont eu maille à par­tir avec des géants, tels William Price, Peter McLeod, John Nairne et Mal­com Fras­er.

Char­trand, Pierre [Cen­tre Mné­mo, Mon­tréal] Mar­ius Bar­beau et la danse Bien que Mar­ius Bar­beau ait col­lec­té des ron­des (surtout pour leurs mélodies), il fut égale­ment un organ­isa­teur d’événements, prin­ci­pale­ment Les Veil­lées du bon vieux temps (Salle Saint-Sulpice, Mon­tréal, 1918–1919) et le Fes­ti­val de la chan­son et des métiers du ter­roir (Château Fron­tenac, Québec, 1927–1928, 1930). Quelle était sa per­cep­tion de la danse ? À quel type de por­teurs de tra­di­tion fai­sait-il appel ? Dans quel con­texte ces présen­ta­tions avaient-elles lieu ? Quel était son dis­cours sur la danse, entre autres dans les pro­grammes imprimés pour ces événe­ments ? En abor­dant la vision que Bar­beau avait de la danse, nous pour­rons voir si elle a mar­qué ses « descen­dants » : le milieu de la recherche comme celui des pro­gram­ma­teurs d’événements, dont Con­rad Gau­thi­er par exem­ple.

Dubé, Richard [con­sul­tant en muséolo­gie, Québec] La recherche ethno­graphique d’aujourd’hui, méth­odes et défis. Étude de deux cas : art pop­u­laire en Charlevoix et céramique en Beauce  Mes travaux de recherch­es ethno­graphiques en Charlevoix et en Beauce, à plus de 25 ans d’intervalle, emprun­tent la méth­ode d’enquête que Mar­ius Bar­beau avait priv­ilégiée. En Charlevoix, les travaux d’inventaire auprès d’une dizaine d’artistes pein­tres pop­u­laires asso­ciés à une même démarche ont mené à la pub­li­ca­tion d’un livre et à l’organisation d’expositions. Les recherch­es en Beauce auprès d’artisans céramistes ont per­mis d’écrire l’histoire de Céramique de Beauce, une entre­prise indus­trielle majeure (1940–1989). Par la suite, le Musée Mar­ius-Bar­beau de Saint-Joseph-de-Beauce a inté­gré une nou­velle expo­si­tion per­ma­nente à sa pro­gram­ma­tion. L’émergence de cette céramique a favorisé le développe­ment de l’Association des col­lec­tion­neurs de céramique et la pub­li­ca­tion d’une revue spé­cial­isée. L’enquête de ter­rain demeure un out­il de recherche par excel­lence. Elle ouvre la voie aux inven­taires et aux cat­a­logues raison­nés, aux études sociales et his­toriques. Elle fonde les travaux des insti­tu­tions muséales qui se con­sacrent à la con­ser­va­tion du pat­ri­moine matériel et immatériel. Elle demeure l’outil essen­tiel de doc­u­men­ta­tion des col­lec­tions et per­met de pro­duire rapi­de­ment des travaux de recherche en vue de favoris­er une rapi­de dif­fu­sion.

Dubois, Philippe [Uni­ver­sité Laval, Québec] L’ethnologie à l’Université Laval : une tra­di­tion d’innovation en con­stante évo­lu­tion Le rap­port de l’Université Laval à l’ethnologie a bien évolué depuis la fon­da­tion des Archives de folk­lore, il y a 70 ans. L’héritage de Mar­ius Bar­beau, présen­té aux étu­di­ants comme le pio­nnier de la dis­ci­pline au Québec, est encore bien ancré dans l’enseignement offert par l’institution, notam­ment par la tra­di­tion d’innovation qu’il a su y implanter. Cette com­mu­ni­ca­tion pro­pose une réflex­ion, du point de vue de l’étudiant, sur l’actualisation des pra­tiques de ter­rain et de l’enquête eth­nologique, qui se doivent main­tenant d’être adap­tées à des sujets par­fois bien loin du folk­lore. Le dynamisme de la dis­ci­pline engen­dre en effet une mul­ti­tude d’avenues de recherch­es, en sym­biose avec la réal­ité actuelle qui stim­ule les jeunes chercheurs en sci­ences his­toriques et sociales.

Fer­ey, Vanes­sa [Uni­ver­sité Sor­bonne Nou­velle, Paris] Les travaux de Mar­ius Bar­beau au sein du Musée de l’Homme de Paris Cette com­mu­ni­ca­tion est issue de recherch­es menées sur les archives du fonds Mar­ius Bar­beau préservées au Musée cana­di­en de l’histoire. Les travaux du folk­loriste québé­cois menés à par­tir de 1931 au Musée d’ethnographie du Tro­cadéro par­ticipent à l’actualisation des con­nais­sances d’une par­tie des col­lec­tions français­es issues de ses anci­ennes colonies d’Amérique du Nord. Grâce à sa vive col­lab­o­ra­tion avec le muséo­logue français Georges-Hen­ri Riv­ière, le musée parisien est désor­mais en mesure de val­oris­er une cul­ture matérielle mécon­nue en prévi­sion de l’inauguration du Musée de l’Homme en 1937. Mal­gré une retraite prise en 1948, l’infatigable Mar­ius Bar­beau entre­tient une cor­re­spon­dance sci­en­tifique avec Georges-Hen­ri Riv­ière et revient à Paris en 1953. Il analyse ain­si plusieurs col­lec­tions amérin­di­ennes dont les résul­tats appor­tent un nou­veau regard sur le pat­ri­moine fran­co-améri­cain des musées d’Europe de l’Ouest.

Fortin, Marc-André [Uni­ver­sité de Sher­brooke] La tra­duc­tion de « The Down­fall of Tem­la­ham » : retours tran­scul­turels En 1948, Mar­ius Bar­beau a pub­lié une tra­duc­tion française et la ver­sion révisée de son roman The Down­fall of Tem­la­ham, inti­t­ulé Le Rêve de Kamal­mouk. Quelques années plus tard, il a envoyé une let­tre aux rédac­teurs en chef à Oxford Uni­ver­si­ty Press pour leur deman­der s’ils seraient intéressés à pub­li­er une ver­sion anglaise révisée du texte français. Cette nou­velle tra­duc­tion aurait créé une pro­gres­sion cir­cu­laire (ou éventuelle­ment régres­sion) qui finit par s’effondrer de nou­veau dans les notes ethno­graphiques et enreg­istrements sonores con­signés dans les langues des Ts’msyan et des Gitxsan que Bar­beau avait com­pilés lors de ses voy­ages anthro­pologiques sur le ter­rain à la riv­ière Skeena. Pour­tant, la propo­si­tion de Bar­beau nous mon­tre com­ment le proces­sus de tra­duc­tion et de retour fil­tre, coupe et réénonce les appareils poli­tiques et soci­aux qui entourent la con­struc­tion matérielle de son texte orig­i­nal, ain­si que l’incapacité à cap­tur­er, soit par la fic­tion ou l’ethnographie, l’altérité sub­lime de l’objet ethno­graphique.

Gad­bois, Joce­lyn [Uni­ver­sité Con­cor­dia et Uni­ver­sité de Mon­tréal] Mar­ius Bar­beau chez les évo­lu­tion­nistes (1907–1914) Ma com­mu­ni­ca­tion pro­posera un retour his­to­ri­ographique sur la for­ma­tion qu’a reçue Mar­ius Bar­beau auprès des évo­lu­tion­nistes bri­tan­niques et des intel­lectuels français entre 1907 et 1914. Cet épisode biographique sem­blait ren­dre plusieurs eth­no­logues issus de l’école des Archives de folk­lore de l’Université Laval mal à l’aise, comme si ces derniers peinaient à assumer com­plète­ment leur passé dis­ci­plinaire. Pour soulever le voile de mys­tères, je pro­pose de relire l’enseignement que Bar­beau a reçu à Oxford et les liens qu’il a entretenus avec Mar­cel Mauss grâce notam­ment aux mémoires de son directeur de thèse, Robert Ran­ulph Marett, et ceux de son col­lègue Wil­son Dal­lam Wal­lis. Ce retour, réflexif, m’a per­mis de dégager des élé­ments de com­préhen­sion des influ­ences de Bar­beau, et par exten­sion de l’école des Archives de folk­lore, ain­si que de réfléchir à leur pro­jet inter­pré­tatif com­mun, c’est-à-dire réus­sir à met­tre à dis­tance la foi chré­ti­enne pour com­pren­dre le proche.

Gau­thi­er, Serge [Société d’histoire de Charlevoix et Cen­tre de recherche sur l’histoire et le pat­ri­moine de Charlevoix] Charlevoix est-il un pays enchan­té pour Mar­ius Bar­beau ? Région isolée ? Région en lien avec ses voisines (Côte-du-sud, Sague­nay notam­ment) ? Tant dans ses livres touris­tiques que dans son impor­tant arti­cle Au pays des gour­ganes pub­lié en 1917, Mar­ius Bar­beau sem­ble vari­er de posi­tion à ce sujet. Par ailleurs, le célèbre folk­loriste et eth­no­logue ne change pas d’avis sur l’intérêt sci­en­tifique que représente ce ter­ri­toire où il retrou­ve une riche tra­di­tion orale en chan­sons folk­loriques et en con­tes notam­ment. Dans quel con­texte Bar­beau inscrit-il sa démarche de chercheur dans Charlevoix ? L’héritage de la vil­lé­gia­ture ? À la suite des écrivains et his­to­riens locaux ou régionaux ? Cette com­mu­ni­ca­tion cherche à enracin­er le pro­jet de cueil­lette de Bar­beau en Charlevoix en faisant mieux com­pren­dre ses sources, mais aus­si ses retombées, car, au-delà du regard folk­lorique et de l’enchantement, il y a eu une ren­con­tre his­torique entre Bar­beau, le folk­lore et la région de Charlevoix.

Guérin-Dubé, Jean-Benoît [Société d’histoire de Charlevoix] Des por­teurs de tra­di­tion orale : les Morneau de Baie-des-Rocher S’il est recon­nu depuis 2009 dans sa région natale de Charlevoix par le prix du Pat­ri­moine de Charlevoix, Alphonse Morneau, et à son tour son petit-fils Guil­laume, n’ont pas tou­jours eu cette recon­nais­sance. « L’Homme aux 400 chan­sons » était un por­teur de folk­lore par sa grande con­nais­sance des chan­sons tra­di­tion­nelles du Québec qui lui prove­naient en grande par­tie de sa mère. L’homme a aus­si par­ticipé à plusieurs événe­ments cen­trés sur la tra­di­tion, dont l’exposition uni­verselle de Van­cou­ver en 1986, et con­tribué par ses enreg­istrements aux Archives de folk­lore de l’Université Laval. Aujourd’hui, son réper­toire tra­di­tion­nel est chan­té par des groupes musi­caux, mais surtout par son petit-fils Guil­laume qui assure la relève. Des ques­tions se posent au sujet de cette famille. Qui étaient ces infor­ma­teurs ? De quelle manière s’est dévelop­pé leur réper­toire ? Dans quel milieu ont-ils évolué ? Com­ment qual­i­fi­er cet héritage qui aurait prob­a­ble­ment été per­du sans l’apport d’Alphonse Morneau et de sa famille ?

Har­vey, Chris­t­ian [Société d’histoire de Charlevoix et Cen­tre de recherche sur l’histoire et le pat­ri­moine de Charlevoix] Car­togra­phie des ter­rains d’enquête de Mar­ius Bar­beau dans Charlevoix (1916–1940).  À l’encontre d’une cer­taine vision spon­tanée, la cueil­lette de folk­lore sur le ter­rain de Mar­ius Bar­beau dans Charlevoix  répond à une réflex­ion méthodologique pré­cise, à la fois explicite et implicite. Cette présen­ta­tion vise, par l’analyse des fich­es de tra­vail de Mar­ius Bar­beau déposées aux Archives de l’Université Laval (Archives de folk­lore), à localis­er la prove­nance de ses infor­ma­teurs. Dans Charlevoix, notam­ment dans un con­texte touris­tique pres­sant, sa méth­ode de ter­rain amène Bar­beau à priv­ilégi­er cer­tains rangs situés dans l’arrière-pays plutôt que les lieux de vil­lé­gia­ture con­nus. Peut-on y percevoir un proces­sus méthodologique pré­cis chez Bar­beau ? Dans le grand champ de la cueil­lette des tra­di­tions orales dans Charlevoix com­ment ce chercheur a‑t-il procédé pour retrou­ver les traces uniques de cet héritage eth­nologique ?

Huot, Pas­cal [chercheur indépen­dant, Québec] Bar­beau et le ter­rain : un exem­ple pour demain ? La com­mu­ni­ca­tion porte un regard per­son­nel sur le ter­rain eth­nologique dans la pra­tique d’un chercheur indépen­dant. L’approche fait état d’une part des béné­fices liés au ter­rain, tant pour une démarche eth­nologique que pour d’autres sphères d’ac­tiv­ité, notam­ment le tra­vail de pho­to­jour­nal­iste. D’autre part, il sera ques­tion de la pub­li­ca­tion simul­tané­ment d’ar­ti­cles grand pub­lic et sci­en­tifique per­me­t­tant le finance­ment des ter­rains et la dif­fu­sion des résul­tats.

Joly, Diane [con­sul­tante en pat­ri­moine, Mon­tréal] Édouard-Zotique­Mas­si­cotte et Mar­ius Bar­beau : une cor­re­spon­dance dynamique autour du folk­lore Dès 1917, Édouard-Zotique Mas­si­cotte et Mar­ius Bar­beau entre­pren­nent une cor­re­spon­dance soutenue qui révèle deux per­son­nal­ités attachantes sachant tir­er le meilleur de l’autre. Mas­si­cotte, qui a déjà pub­lié quelques études sémi­nales sur le folk­lore, est renom­mé par­mi ses pairs. Pour sa part, Mar­ius Bar­beau est en début de car­rière et recherche la recon­nais­sance. Il remet le folk­lore dans la sphère publique et redonne à Mas­si­cotte une pas­sion pour la cul­ture pop­u­laire. D’abord empreinte de sol­lic­i­tude, la cor­re­spon­dance révèle peu à peu leur vision du folk­lore où se con­fron­tent les idées. À la suite d’échanges rudes, ils cessent de col­la­bor­er en 1921 et leurs écrits s’espacent par la suite. Ils con­tin­u­ent tout de même leurs échanges sur le folk­lore pen­dant vingt-cinq ans et se don­nent aus­si l’occasion de renou­vel­er leur ami­tié.

Labelle, Ronald [Uni­ver­sité du Cap-Bre­ton, Syd­ney] « Une fois, il y avait un jeune eth­no­logue… » C’est par la décou­verte de la présence de con­tes pop­u­laires d’origine cana­di­enne-française dans le réper­toire de ses infor­ma­teurs amérin­di­ens que Mar­ius Bar­beau s’est lancé dans la recherche sur les tra­di­tions québé­cois­es en 1914. Le con­te pop­u­laire a été au cen­tre de ses préoc­cu­pa­tions jusqu’en 1919 et, bien que ses recherch­es sur la chan­son tra­di­tion­nelle et la cul­ture matérielle l’aient préoc­cupé par la suite, il a con­tin­ué à dif­fuser les con­tes par des pub­li­ca­tions adressées à divers publics, ain­si que par une tra­duc­tion anglaise inti­t­ulée The Gold­en Phoenix. Cette com­mu­ni­ca­tion com­pren­dra une réflex­ion sur les buts pour­suiv­is par Mar­ius Bar­beau dans la cueil­lette et la dif­fu­sion des con­tes et sur les résul­tats de ses efforts.

Labon­té, Mar­ilie [Uni­ver­sité du Québec à Mon­tréal] De la sauve­g­arde du pat­ri­moine à la muséolo­gie : Mar­ius Bar­beau De mul­ti­ples recon­nais­sances sont liées au nom de Mar­ius Bar­beau. De pre­mier eth­no­logue cana­di­en à folk­loriste, Mar­ius Bar­beau a maintes fois été recon­nu pour son apport à la sauve­g­arde du pat­ri­moine amérin­di­en et québé­cois ain­si qu’en tant que spé­cial­iste et ami de l’art et des artistes cana­di­ens. Mal­gré sa car­rière qua­si exclu­sive à l’ancien Musée de la Com­mis­sion de géolo­gie du Cana­da, aujourd’hui Musée cana­di­en de l’histoire, le titre de muséo­logue ne lui est pas rat­taché dans la majorité des études lui étant con­sacrées. Cette com­mu­ni­ca­tion souhaite ici soulign­er l’importante con­tri­bu­tion sou­vent nég­ligée de Mar­ius Bar­beau au domaine de la muséolo­gie au Québec et au Cana­da. En peu de mots, cet homme sera l’un de ceux qui pro­fes­sion­nalis­eront le tra­vail de muséo­logue met­tant la cul­ture matérielle en avant-plan, lui appor­tant expli­ca­tions et sig­ni­fi­ca­tions dans une époque où les con­ser­va­teurs de musées pos­sè­dent la con­nais­sance sans néces­saire­ment la com­mu­ni­quer à autrui.

Lalonger, Louise [Cen­tre de con­ser­va­tion du Québec, Québec] Dévoil­er la couleur : ren­con­tre de la tra­di­tion orale et de l’analyse sci­en­tifique Le dépouille­ment de car­nets d’enquêtes de Mar­ius Bar­beau nous per­met de retrac­er bon nom­bre de ren­seigne­ments sur une activ­ité de tein­ture tra­di­tion­nelle pour des fibres tex­tiles. Bar­beau a recueil­li des don­nées auprès d’une trentaine d’informateurs provenant prin­ci­pale­ment de la région de Charlevoix, mais égale­ment de l’Île d’Orléans, de Notre-Dame-du Portage et de la Jeune Lorette. Ses notes, tran­scrites entre 1911 et 1940 env­i­ron, témoignent du savoir pop­u­laire sur les façons de tein­dre avec des col­orants indigènes, des col­orants naturels importés ou encore avec des pro­duits syn­thé­tiques. Nous ver­rons les prin­ci­pales dif­fi­cultés reliées au dépouille­ment de cette enquête, à l’identification botanique, à l’interprétation des don­nées et à sa tran­scrip­tion. De même, une recherche a per­mis de réalis­er des échan­til­lons de références reflé­tant la gamme de couleurs util­isées tra­di­tion­nelle­ment et de faire des analy­ses chim­iques sur des tex­tiles tra­di­tion­nels. Nous ver­rons com­ment l’identification de ces col­orants apporte des élé­ments com­plé­men­taires à l’enquête orale tout en départageant les mythes de la réal­ité.

Mar­tineau, Danielle [Médi­atrice du pat­ri­moine vivant, Saint-Alphonse-Rodriguez] La col­lab­o­ra­tion entre Adélard Lam­bert et Mar­ius Bar­beau Les travaux du pro­jet « L’héritage cul­turel d’Adélard Lam­bert », dont m’a chargé la Mrc de D’Autray, dans Lanaudière, sont soutenus par le Min­istère de la cul­ture et des com­mu­ni­ca­tions du Québec, par le Con­seil des arts du Cana­da et par la Mrc de D’Autray. Il s’agit d’une mise en valeur qui peut s’étendre sur une péri­ode de trois à qua­tre ans, afin d’obtenir des résul­tats durables et per­ti­nents dans l’optique de l’établissement d’un pôle cul­turel de qual­ité. Cette action per­me­t­tra de sen­si­bilis­er tout un bassin – élus, citoyens, familles, artistes, por­teurs de tra­di­tion – à l’importance de la recon­nais­sance du pat­ri­moine oral, ce pat­ri­moine si vivant dans la com­mu­nauté de D’Autray. Dans le cadre du col­loque, je souhaite expos­er le chem­ine­ment et les défis de cette expéri­ence de médi­a­tion cul­turelle en soulig­nant par­ti­c­ulière­ment les enseigne­ments qui ressor­tent de la col­lab­o­ra­tion fructueuse entre Adélard Lam­bert et Mar­ius Bar­beau dans cette rela­tion unique et exem­plaire.

Pichette, Jean-Pierre [Uni­ver­sité Sainte-Anne, Pointe-de‑l’Église, et Société québé­coise d’ethnologie] Le Romancero du Cana­da : une syn­thèse à la croisée des chemins En 1937, Mar­ius Bar­beau (1883–1969) livrait une œuvre fon­da­trice, le Romancero du Cana­da. Inspiré par le Romancéro pop­u­laire de la France de George Don­cieux, le recueil s’attachait au réper­toire des chan­sons tra­di­tion­nelles du Cana­da français. Cet exposé sonde les orig­ines de ce livre et com­pare les influ­ences opposées subies par l’auteur – notam­ment celles d’Ernest Gagnon au Cana­da et de George Don­cieux en France – afin de mon­tr­er l’originalité du pro­jet qu’il por­tait en fonc­tion des décou­vertes qu’il avait faites sur le ter­rain. On voit ain­si com­ment la sub­stance du livre, son ordon­nance thé­ma­tique et le con­tenu des com­men­taires met­tent à jour les intu­itions pro­fondes et les posi­tions théoriques qui ani­ment l’auteur, en par­ti­c­uli­er sur l’origine française et la haute qual­ité de la tra­di­tion cana­di­enne. D’autre part, plus qu’un sim­ple flo­rilège, cette œuvre de matu­rité se mue, sans en avoir l’air, en véri­ta­ble traité de l’évolution des recherch­es sur la chan­son pop­u­laire au Cana­da français ; en out­re, elle servi­ra de mod­èle pour la relève au Québec, en Ontario et en Acadie.

Pos­tic, Fañch et Jean-François Simon [Uni­ver­sité de Bre­tagne occi­den­tale, Brest] Du folk­lore à l’ethnologie : « Tra­di­tions pop­u­laires » et pro­jet uni­ver­si­taire en Bre­tagne En Bre­tagne, comme dans l’ensemble de l’Hexagone, les tra­di­tions pop­u­laires ont longtemps été con­sid­érées comme rel­e­vant du « folk­lore », terme sou­vent con­noté péjo­ra­tive­ment, syn­onyme d’amateurisme et de région­al­isme pas tou­jours de bon aloi. Elles ont dès lors eu du mal à trou­ver une place dans l’enseignement insti­tu­tion­nel de l’ethnologie. Délais­sées par les insti­tu­tions uni­ver­si­taires, elles ont alors été l’affaire de bénév­oles, regroupés ou non au sein d’associations cul­turelles au car­ac­tère par­fois mil­i­tant. Après un état des lieux en Bre­tagne, resi­tué dans le cadre plus large de la France, et l’évocation des per­son­nal­ités qui se sont préoc­cupé de la col­lecte et de l’étude des tra­di­tions pop­u­laires, la com­mu­ni­ca­tion s’interrogera sur les raisons sus­cep­ti­bles d’expliquer une telle sit­u­a­tion : his­toire de l’ethnologie comme dis­ci­pline uni­ver­si­taire d’enseignement ? Défi­ance, voire mépris, vis-à-vis d’une approche jugée trop région­al­iste ? Con­séquences de la val­ori­sa­tion du folk­lore par le gou­verne­ment de Vichy ? Il faut atten­dre les années 1970 pour qu’un enseigne­ment d’ethnologie soit assuré à l’Université de Brest, dirigé par Jean-Michel Guilch­er, lié à la créa­tion du Cen­tre de recherche bre­tonne et cel­tique dont l’ethnologie de la Bre­tagne est l’une des préoc­cu­pa­tions, et 1990 pour qu’y soit créé un départe­ment spé­ci­fique.

Poulin, Anne-Marie [eth­no­logue-con­seil, Québec] Le « bou­ton­né » de Charlevoix : per­ti­nence d’une décou­verte Dans ses mémoires, tou­jours inédits, Mar­ius Bar­beau note avec ent­hou­si­asme le résul­tat d’une vis­ite sur le ter­rain à l’Isle-aux-Coudres : « Lorsque j’allai là-bas avec Jack­son et Lis­mer, en 1925, et que j’entrai dans la mai­son, je posai tout d’abord mon regard vers la cham­bre des invités, située au sous-sol, afin d’y apercevoir cette fameuse bou­ton­née pour laque­lle je me serais ren­du au bout du monde afin de l’obtenir et la sauve­g­arder. Eh bien ! J’en fis l’acquisition, comme de toutes celles jusqu’à quinze ou vingt ». À l’évidence, le chercheur ren­seigné avait pré­paré son ter­rain. Quel fut l’impact de cette décou­verte sur la com­mu­nauté sci­en­tifique, la région voire sur la tech­nique qu’il visait tant à sauve­g­arder ? Bien que les arts tex­tiles occu­pent une place mar­ginale dans l’ensemble de l’œuvre de Bar­beau, son intérêt pour le tis­sage du « bou­ton­né de Charlevoix » est man­i­feste. C’est, vu de l’intérieur comme chercheuse et tis­serande, que je ten­terai d’apporter un cer­tain éclairage sur ce legs par­ti­c­uli­er et qua­si cen­te­naire mis au grand jour par Mar­ius Bar­beau.

Savard, Louis-Mar­tin [Uni­ver­sité de Monc­ton] Joseph-Thomas LeBlanc et le « romancero aca­di­en » Dans cette com­mu­ni­ca­tion, je m’intéresserai aux rap­ports entre Mar­ius Bar­beau et le folk­loriste aca­di­en Joseph-Thomas LeBlanc qui, vers la fin des années 1930, ambi­tion­nait de pub­li­er un ouvrage cri­tique s’inspirant du Romancero du Cana­da de Bar­beau. De 1938 à 1941, LeBlanc rédi­ge 87 chroniques sur la chan­son de tra­di­tion orale dans les pages du jour­nal L’Évangéline à Monc­ton, péri­odique duquel il est le rédac­teur adjoint. À la même époque, il entre­prend une rela­tion épis­to­laire avec l’ethnologue d’Ottawa. Rapi­de­ment, ce dernier exerce une influ­ence con­sid­érable sur lui. LeBlanc est décédé pré­maturé­ment en 1943 avant d’espérer voir naître son livre. Il n’en demeure pas moins que son tra­vail et ses recherch­es témoignent de l’héritage de Mar­ius Bar­beau en Acadie ; c’est ce que j’exposerai dans mon allo­cu­tion.

Simard, Jean [Uni­ver­sité Laval et Société québé­coise d’ethnologie] Depuis l’île d’Orléans, Mar­ius Bar­beau décou­vre l’art religieux du Québec L’intérêt de Bar­beau pour l’art religieux date du milieu des années 1920 : « En 1925, écrit-il, c’était plusieurs années après mes débuts, j’ai décidé d’étudier l’art pop­u­laire du Cana­da français. J’avais remar­qué, dans quelques églis­es de l’île d’Orléans, de très belles œuvres, des sculp­tures sur bois, des stat­ues et d’autres choses encore, dont notre lit­téra­ture cana­di­enne ne par­lait jamais. Les Cana­di­ens n’y prê­taient pas atten­tion. Alors j’ai entre­pris d’étudier les arts pop­u­laires du Cana­da français : la sculp­ture, le tis­sage, les tex­tiles et ain­si de suite. » (« Je suis un pio­nnier », 1965) À l’été de cette année 1925, accom­pa­g­né des pein­tres A. Y. Jack­son et Arthur Lis­mer, il tra­verse en goélette à voile de l’île d’Orléans à Sainte-Anne-de-Beaupré pour y faire la décou­verte du stat­u­aire Louis Jobin. Puis il pour­suit l’aventure de l’art religieux qui l’amène à pub­li­er des ouvrages sur les Madones du diocèse de Québec (1929), les Saintes Arti­sanes (1944 et 1946), le Tré­sor des anciens jésuites (1957) et Louis Jobin, stat­u­aire (1968).

Théri­ault, Benoît [Musée cana­di­en de l’histoire, Gatineau] Les archives de Mar­ius Bar­beau, une richesse à décou­vrir ou à redé­cou­vrir « Est-ce que tout ce tra­vail sera per­du jusqu’à ce qu’on le retrou­ve, dans cinquante ans ? » Les inquié­tudes exprimées en 1965 par Bar­beau con­cer­nant la péren­nité de son tra­vail étaient-elles jus­ti­fiées ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce matériel de recherche, résul­tat de plus d’un demi-siè­cle d’enquête sur le ter­rain, est-il tou­jours per­ti­nent ? En quoi con­siste cette doc­u­men­ta­tion ? Quelle en est l’ampleur ? Quels champs d’études englobe-t-elle ? Voilà en résumé les ques­tions aux­quelles nous souhaitons nous attarder au cours de notre présen­ta­tion. Pour ce faire, nous passerons en revue l’imposante col­lec­tion doc­u­men­taire des archives de Mar­ius Bar­beau con­servées au Musée cana­di­en de l’histoire, en dis­cu­tant au pas­sage de son ampleur, de son unic­ité et des pos­si­bil­ités nou­velles qu’elle offre à la recherche actuelle en eth­nolo­gie du Cana­da français.

Tur­geon, Lau­ri­er [Uni­ver­sité Laval, Québec] L’enseignement de l’ethnologie à l’Université Laval de Bar­beau à aujourd’hui Ce bilan cri­tique de l’enseignement et de la recherche en eth­nolo­gie à l’Université Laval coïn­cide avec le 70e anniver­saire de la créa­tion de la pre­mière chaire de folk­lore en 1944. L’étude portera sur l’évolution des grandes thé­ma­tiques des cours, tant sur leurs con­tenus que sur leurs formes, et des sujets de recherche, tout en ten­ant compte des clien­tèles étu­di­antes. Désignés d’abord sous le nom de « folk­lore », les pro­grammes ont été aus­si nom­més tour à tour « arts et tra­di­tions pop­u­laires », « eth­nolo­gie », « eth­nolo­gie et anthro­polo­gie », et « eth­nolo­gie et pat­ri­moine ». Que sig­ni­fient ces muta­tions d’appellations très rares dans les autres dis­ci­plines ? L’analyse pro­posée com­pren­dra une com­para­i­son avec les pro­grammes d’enseignement de l’ethnologie ailleurs en Amérique du Nord et en Europe. Ce bilan se veut aus­si prospec­tive, aboutis­sant à une réflex­ion sur les per­spec­tives d’avenir de l’ethnologie à l’Université Laval et ailleurs.

Tur­geon, Lau­ri­er [Uni­ver­sité Laval, Québec] L’inventorisation du pat­ri­moine immatériel au Québec de Mar­ius Bar­beau à nos jours L’avènement des équipements numériques, des bases de don­nées mul­ti­mé­dia inter­ac­tives et des appli­ca­tions Web a révo­lu­tion­né les méth­odes de cueil­lette, de sauve­g­arde, de mise en valeur, de trans­mis­sion et de dif­fu­sion du pat­ri­moine cul­turel immatériel. Aujourd’hui, les équipements d’enregistrement numérique très per­for­mants et mani­ables offrent la pos­si­bil­ité de saisir rapi­de­ment les infor­ma­tions sur le ter­rain, de les trans­fér­er directe­ment dans une base de don­nées numériques, de con­serv­er et de gér­er l’information effi­cace­ment et de ren­dre les sup­ports mul­ti­mé­dias très acces­si­bles au grand pub­lic à des coûts peu élevés via le Web. Les nou­velles tech­nolo­gies et les nou­velles pos­si­bil­ités qu’elles offrent par­ticipent à une recon­cep­tu­al­i­sa­tion de la pra­tique même de l’archive. Cette com­mu­ni­ca­tion présen­tera les méthodolo­gies et les tech­nolo­gies mis­es en œuvre par la Chaire de recherche du Cana­da en pat­ri­moine eth­nologique dans l’inventorisation du pat­ri­moine cul­turel immatériel du Québec, en col­lab­o­ra­tion avec Pat­ri­moine cana­di­en, le min­istère de la Cul­ture et des com­mu­ni­ca­tions du Québec, le min­istère des Affaires munic­i­pales, des régions et de l’occupation du ter­ri­toire et plusieurs asso­ci­a­tions dans le domaine du pat­ri­moine immatériel (Sqe, Smq, Mpr, etc.).

Val­ière, Michel et Michèle Gardré-Val­ière [Uni­ver­sité de Poitiers] Mar­ius Bar­beau, Le Rossig­nol y chante, et nous, et nous…  Jeunes chercheurs hors statut, isolés dans les Bran­des du Haut-Poitou, éloignés des cer­cles uni­ver­si­taires dans les pre­mières années de la décen­nie 1960, mais soucieux d’éducation pop­u­laire, nous ne con­nais­sions Mar­ius Bar­beau que par des notes et références bib­li­ographiques. C’est Patrice Coirault, donc, qui en fut notre ini­ti­a­teur à tra­vers ses travaux. Mais Mar­ius Bar­beau ne prit corps à nos yeux qu’à la suite d’une ren­con­tre de lab­o­ra­toire de soci­olin­guis­tique à Toulouse avec la muséo­graphe Car­men Roy du Musée nation­al cana­di­en d’Ottawa qui nous fit servir le Rossig­nol y chante du pres­tigieux folk­loriste. Cette décou­verte con­féra brusque­ment une pro­fondeur his­torique et géo­graphique, en un mot human­iste, à nos cor­pus régionaux que nous jugions par­fois anec­do­tiques. Ain­si cet ouvrage, certes non représen­tatif de la mon­u­men­tale œuvre de Mar­ius Bar­beau, devint pour nous une tête de pont entre les Français d’Amérique du Nord et leurs ancêtres des Vieux Pays, au sein desquels nous nous étions immergés, pos­ture indis­pens­able pour notre approche ethno­graphique que nous souhaitions holiste. Il s’ensuivit un émer­veille­ment, de mul­ti­ples désirs d’échanges, de rich­es ren­con­tres entre Québé­cois, Aca­di­ens et des ressor­tis­sants du Cen­tre-Ouest de la France, bref, un abaisse­ment des dis­tances, un rap­proche­ment des épo­ques par la mémoire des chan­sons. Ce qui n’aurait pu rester que let­tre morte, futil­ité ou activ­ité de loisirs.

 

Image à la Une : Mar­ius Bar­beau rédi­geant devant un ange thu­riféraire sculp­té (Louis Jobin, 1925)