5 février 2016 | L’ethnologue Daniel Fabre (1947–2016) nous a quittés après avoir travaillé à la reconnaissance du patrimoine ethnologique et celle du patrimoine culturel immatériel. Laurier Turgeon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique, nous présente ce grand ethnologue français et ami du Québec dont le décès inattendu est survenu le 25 janvier à Toulouse à l’âge de 68 ans :
« Né en 1947, Daniel Fabre était directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Depuis sa participation au groupe de travail qui jeta les bases, en 1978, de la politique du patrimoine ethnologique, jusqu’à son intérêt précurseur pour le patrimoine culturel immatériel dans les années 2000, il a été étroitement engagé dans le développement du patrimoine ethnologique.
Nous lui devons en particulier la fondation en 2001 du Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture (LAHIC), unité de recherche portée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et la Mission du Patrimoine ethnologique du ministère de la Culture en France.
D’abord tournées vers les traditions orales dans les sociétés rurales pyrénéennes, ses recherches l’ont porté ensuite vers la production sociale des identités sexuelles, l’émergence de l’écriture dans les sociétés de l’oralité et l’approche anthropologique de la littérature. À la tête du LAHIC, il a joué un rôle de premier plan pour la mise en place de nombreux programmes de recherche mettant en question l’institution culturelle, et tout particulièrement, les activités patrimoniales: La fabrique des héros (avec Pierre Centlivres et Françoise Zonabend, 1998), les recherches sur les monuments historiques : Domestiquer l’histoire, 2000, Les monuments sont habités avec Anna Iuso, 2010, Émotions patrimoniales, 2013 ou encore l’institution archéologique : Les imaginaires archéologiques, dirigé par Claudie Voisenat, 2008.
Au sein de l’ethnopôle GARAE (Groupe audois de recherche et d’animation ethnographique) de Carcassonne qu’il présidait, il a toujours manifesté un grand intérêt pour la médiation culturelle en direction de tous les publics, tout en restant fidèle à l’amour des beaux textes et à une exigence intellectuelle sans concession.
Nous présentons, à toute sa famille et à ses amis, nos plus sincères condoléances. » On lira avec intérêt l’entretien, avec extraits vidéo, que Daniel Fabre a eu avec Thierry Wendling sur l’Intelligence du conte, où il explique son cheminement et son intérêt pour son premier domaine de recherche ainsi que celui qu’il a eu avec Christian Hottin sur Le patrimoine saisi par l’événement.
Image à la Une : Daniel Fabre, 2011. Photo: Charles Mallison