22 novembre 2016 | À la découverte du patrimoine
Le ski alpin dans les Laurentides
En Amérique du Nord, c’est surtout dans les Laurentides que s’est développé le ski alpin en tant qu’activité sportive hivernale. Le paysage de cette région montagneuse est parsemé de petits centres de ski alpin parfois très anciens. Ils sont aujourd’hui des vestiges d’une époque où les skieurs devaient monter la pente à pied. En raison de leur ancienneté et de leur popularité, ces centres possèdent aujourd’hui un cachet historique important pour la région.
Un peu d’histoire
La colonisation des Laurentides débute au XIXe siècle avec l’exploitation agricole. Toutefois, les terres étant peu fertiles, l’industrie touristique pallie le manque de productivité au cours des années 1940 par la promotion d’activités de villégiature. Dans les Laurentides, le déneigement des routes en hiver s’amorce à compter de 1945 seulement. Au début du XXe siècle, le ski constitue donc un moyen de transport pour circuler sur les terres agricoles et en forêt. En 1905, les skieurs n’utilisent qu’un seul bâton qu’ils placent entre leurs jambes pour se propulser vers l’avant. Les skis sont plus larges que les modèles actuels. Ils sont dépourvus de fixation de métal. La plupart sont fabriqués à la main par les agriculteurs. On ne fait pas de distinction entre les skis de fond et les skis alpins.
Le ski devient une pratique sportive vers 1910 grâce aux innovations technologiques améliorant les performances. Le ski alpin s’est d’abord distancé du ski de fond, pratiqué sur un terrain relativement plat, pour s’adapter aux descentes montagneuses. Au début, les skieurs maintenaient les skis collés ensemble et devaient effectuer un petit saut pour changer l’angle de la descente et exécuter un virage. Puis, les fixations du ski alpin sont devenues fixes en maintenant les pieds sur les skis pour donner plus de contrôle lors de la descente. Entre 1910 et 1930, l’apparition des fixations en métal et des remonte-pentes marque une rupture complète entre les deux formes de ski. C’est aussi à cette époque que les sentiers de ski de fond et les pistes de ski alpin se développent.
Apprentissage et transmission
Les premiers skieurs alpins sont des passionnés. Avant l’arrivée des remonte-pentes, ceux-ci montent les pentes à pied, et ce pendant 30 minutes, pour jouir du plaisir de la descente que pendant quelques minutes. À cette époque, plusieurs ne maîtrisent pas les techniques et risquent des blessures et des dangers importants. Cette situation mène en 1938 à la formation de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada. Son but est d’enseigner aux skieurs les techniques sécuritaires de la pratique de ce sport. C’est d’ailleurs dans la région des Laurentides qu’a été fondée l’Alliance. Plusieurs instructeurs européens, lieu d’origine de ce sport, donnent alors des formations et contribuent à l’essor et à la popularité de ce sport d’hiver. Le premier instructeur de la région arrive en 1911 à Sainte-Agathe-des-Monts. Quelques années plus tard, il développe l’un des premiers centres de ski et de villégiature québécois, le chalet Cochand, à Sainte-Marguerite-Station.
Le ski a marqué le début d’une industrie touristique régionale active pendant toute l’année; jusqu’à 100 000 skieurs transitaient dans la région. Dans son ouvrage Histoire des Laurentides, l’historien Serge Laurin explique : « En devenant une industrie d’importance, le ski a transformé la configuration du territoire des Laurentides et a constitué un apport économique essentiel. L’invasion massive des skieurs entre 1920 et 1940 a complètement transformé un espace dominé par la présence de fermes modestes, de moulins à scie entourant des villages tranquilles en la plus recherchée des aires de récréation hivernale en Amérique du Nord ».
Pour aller un peu plus loin La désignation patrimoniale du curé Labelle : un cas exemplaire Le chalet Cochand
Billet original publié par l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel (IREPI) : Le ski alpin et le ski de fond dans les Laurentides. L’article original a été modifié pour respecter le protocole de la page Billets de l’ethnologie de la SQE. Avec la permission de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique que nous remercions sincèrement.