L’échange de bons vœux : une pratique toujours en vogue

Partager:

20 décembre 2016 | L’échange de bons vœux : une pratique toujours en vogue

 

La lith­o­gra­phie d’Henry Cole, 1932.
Pho­to : Wiki com­mons

L’échange de bons vœux est une pra­tique sécu­laire qui s’adapte au goût du jour et aux nou­velles tech­nolo­gies. Ain­si, dès le XVe siè­cle en Europe, des feuil­lets de bons vœux s’échangent entre les pairs.  Impliqués dès le XVIIe siè­cle, les enfants écrivent un mot ou un poème jumelé à un dessin qu’ils offrent à leurs par­ents, au curé et au maître d’école. Ici, ce sont les con­gré­ga­tions religieuses qui remet­tent des cartes de souhaits.

En Angleterre, Hen­ry Cole demande à un ami de lui dessin­er une carte de souhaits qu’il fait lith­o­gra­phi­er et col­o­ri­er à 1 000 exem­plaires en 1843.  Sa carte se présente comme un trip­tyque avec au cen­tre les mem­bres d’une famille qui lèvent un verre et sur les côtés deux représen­ta­tions de la char­ité. Ce con­traste entre les thèmes est influ­encé par les grandes réformes sociales qui ont lieu dans le pays. Après l’expédition de ses pro­pres cartes, Hen­ry Cole vend les cartes restantes dans le quarti­er des affaires de Lon­dres.

Le recours aux cartes de vœux imprimées se répand rapi­de­ment. Dans les années 1860, plusieurs com­pag­nies anglais­es expor­tent des cartes de vœux vers les colonies. Génériques, les illus­tra­tions mon­trent des paysages, des fleurs, des petits ani­maux, même des pois­sons et des motifs religieux. Les Cana­di­ens français achè­tent leurs cartes par cat­a­logue.

2028358
Cartes de vœux avec enfants, 1885. Bib­lio­thèque et archives nationales du Québec

À l’origine, la pra­tique est d’échanger des cartes au Nou­v­el An. Toute­fois, à compter des années 1880, la fête de Noël est de plus en plus asso­ciée aux enfants. L’apparition de cartes de Noël les mon­trant n’est donc pas sur­prenante. À cette époque, des œuvres d’art —  entre autres d’Henri Julien et d’Edmond-Joseph Mas­si­cotte — sont adap­tées en cartes de vœux  grâce à un nou­veau procédé de lith­o­gra­phie mul­ti­col­ore.

L’essor mod­erne des cartes de vœux

Au tour­nant du XXe siè­cle, de grandes com­pag­nies améri­caines — dont Hall­mark — sont fondées. Celle-ci, vision­naire  et dou­blée d’un bon sens des affaires offre des pro­duits abor­d­ables et répon­dant aux besoins de la clien­tèle. Ain­si, elle com­prend rapi­de­ment que les gens ont par­fois du mal à exprimer des souhaits qui peu­vent être lus par tous. L’entreprise crée alors des cartes pli­ables qui peu­vent être insérées dans une enveloppe. Elle adapte aus­si les thèmes à l’air du temps : lors de la crise économique, les mots font référence aux jours meilleurs à venir; pen­dant la guerre, l’accent est mis sur le patri­o­tisme. Les thèmes humoris­tiques appa­rais­sent pen­dant les années 1950 — en même temps que l’acteur Bob Hope qui invente le genre. Vien­dront ensuite les thèmes hip­pies la décen­nie suiv­ante suiv­is de l’environnement dès les années 1980.

Objet pré­cieux recy­clé et con­servé

Entre 1860 et 1885, les objets déco­rat­ifs des­tinés au sapin de Noël sont  fab­riqués à la main. Découpées, les cartes de souhaits appa­rais­sent en sil­hou­ette et sous la forme de pen­de­lo­ques au bout des branch­es de l’arbre. Plus tard, les plus jolies cartes sont exposées pen­dant les fêtes et cer­taines sont même con­servées et exposées pen­dant de nom­breuses années.

Les pre­miers tim­bres de Noël

En 1840, une série d’enveloppes décorées de motifs de Noël est inau­gurée en Angleterre. Cepen­dant, c’est au Cana­da qu’est dévoilé le pre­mier tim­bre de Noël en 1898.  Il com­mé­more les débuts de la poste impéri­ale. Son illus­tra­tion d’une carte de l’Empire bri­tan­nique porte l’inscription « XMAS 1898 » sur la vignette. Il fau­dra cepen­dant atten­dre jusqu’en 1964 avant que Postes Cana­da émette une nou­velle série de tim­bres de Noël avec les thèmes de la famille et de l’étoile de Beth­léem. Depuis cette date, chaque année, une émis­sion spé­ciale de tim­bres de Noël est offerte.

capture-militaires
Carte d’une com­pag­nie mil­i­taire en Angleterre. Bib­lio­thèque et Archives nationales du Québec

Une pra­tique en déclin? Pour cer­tains, la pra­tique d’échanger des cartes est en déclin depuis 25 ans. De fait, au cours des années 1960, une famille envoy­ait en moyenne 80 cartes de souhaits alors qu’aujourd’hui env­i­ron une douzaine seule­ment est expédiée. Au pre­mier chef, on accuse cette perte de la pra­tique aux frais postaux, à l’abandon des tra­di­tions, au relâche­ment des liens famil­i­aux et à d’autres moyens de com­mu­ni­ca­tion. Dans les faits, la pra­tique elle-même n’est pas en déclin; ce sont plutôt les moyens qui se sont trans­for­més.  Il suf­fit de faire une recherche sur inter­net pour con­stater la surabon­dance de cartes de souhaits virtuelles offertes aux inter­nautes. La pra­tique de nos jours con­siste à trou­ver une carte de souhaits avec un thème appro­prié, à rédi­ger quelques bons vœux puis à l’envoyer à un mem­bre de la famille ou à des amis.  Elle se trans­forme certes, mais demeure bien vivante au sein de la société québé­coise.  

Bil­let orig­i­nal pub­lié le 15 décem­bre 2015.

Avec la per­mis­sion de Diane Joly Art, his­toire et pat­ri­moine

Image en Une : Envoyée par notre grand-mère en 1964, cette carte de Noël fut exposée chez mes par­ents jusqu’en 2011; mon frère a pris le relais depuis. (encre sur papi­er, car­ton découpé et tis­su)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.