Ce condensé est tiré de l’article de Sébastien Malette et Guillaume Marcotte publié initialement dans la revue Rabaska, volume 17, 2019, p. 11–32
Les Métis ont une présence ancestrale dans le bassin de la rivière des Outaouais. Ce peuple jouit encore de nos jours d’une représentation évidente dans les communautés régionales. Cette région a donné naissance au vétéran Patrick Riel, un héros de la Grande Guerre qui, selon plusieurs sources de l’époque, est rapporté comme un parent du leader métis Louis Riel.
Patrick Riel est issu d’un contexte social et culturel spécifique où les familles métisses ont constitué les fondements d’une communauté. Il démontre une identification claire avec la culture métisse tout au long de sa vie. Patrick Riel est continuellement associé à cette culture, non seulement pour ses liens de parenté, mais aussi en fonction de ses liens de solidarité et de traits culturels en tant qu’homme des bois et trappeur. L’histoire de Patrick Riel expose l’importance de la parenté symbolique dans le façonnement historique de l’identité métisse dans l’ouest du Québec. Plusieurs Métis contemporains, dont certains sont aujourd’hui regroupés dans la Communauté Métis [se] Autochtone de Maniwaki, s’identifient en effet toujours comme des « parents » de Louis Riel, montrant que ce lien de parenté réel ou fictif s’est transmis d’une génération à l’autre dans la construction identitaire de ces familles métisses de l’Outaouais.
Bien des personnes souvent sans relations familiales utilisent un langage de parenté pour définir la proximité de leurs identités. Ce qui montre que l’identité de l’homme ne se réduit pas seulement à un lien biologique. Ce type de parenté met en évidence une importance capitale dans le discours de type ethnonational conjuguant de façon originale des éléments culturels autochtones et européens. Cela se reflète dans l’échelle de nations-entières qui tissent entre elles des liens symboliques de parenté pour définir la proximité de leurs liens identitaires.
Le cas de Patrick Riel problématise en outre les thèses voulant que l’identité métisse fut simplement assimilée par l’identité canadienne-française ou algonquine dans la région de l’Outaouais. De plus, il met en évidence comment les familles métisses de l’Outaouais continuent historiquement à s’identifier comme telles. La vie de ce héros présente ainsi comment le nationalisme métis se construit de façon originale en illustrant comment la notion préexistante de culture « métisse canadienne-française » évolue progressivement vers la nation de race métisse sous l’influence des discours modernes.
La mémoire de Patrick Riel honore les vétérans du passé et soutient les Métis de Maniwaki qui luttent encore de nos jours pour leur reconnaissance politique et culturelle. Patrick Riel est la fierté de toute une région du Québec, l’Outaouais et Maniwaki.
On peut se procurer un exemplaire de la revue Rabaska ici.
Crédits
Rédaction : Liz Pamela Fajardo
Révision : Louise Décarie
Mise en page : Marie-Ève Lord
Images à la une : La silhouette d’un soldat (A) et le lac Maniwaki (B). Photos: A : Inconnue 2021, pxfuel. B : chambly1236, 2021, Pixabay
Un commentaire
C’est un article fort intéressant et éclairant. Merci.