La diffusion d’extraits d’entrevues réalisées avec des pilotes du Saint-Laurent se poursuit. Chaque extrait vise à rendre compte du travail des pilotes du Saint-Laurent, des savoirs et savoir-faire qu’ils se transmettent et de l’importance de leur présence pour assurer la sécurité de la navigation sur le fleuve. Nous vous invitons à nous suivre dans cette belle aventure en visionnant les nouvelles vidéos.
La Société québécoise d’ethnologie (SQE) est allée à la rencontre d’une vingtaine de pilotes du Saint-Laurent dans le but de documenter l’évolution de la pratique du pilotage sur le fleuve entre Les Escoumins et Montréal. Ce projet vise entre autres à rendre compte de la façon dont ces pilotes intègrent des savoirs et savoir-faire traditionnels dans leurs pratiques actuelles. Il a aussi pour objectif de valoriser les pilotes du Saint-Laurent en contribuant à la connaissance de cette profession indissociable de notre histoire et de notre patrimoine maritime.
Les extraits suivants sont tirés de la série d’entrevues réalisées par Suzanne Marchand accompagnée de William Lacasse. Ils lèvent le voile sur une profession héritière de quatre siècles d’expériences d’une génération à l’autre de pilotes.
La SQE tient à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce projet et tout spécialement les pilotes qui ont partagé leur vécu et leurs savoirs.
L’écluse de Saint-Lambert : la fin d’un long parcours
François Lemay, pilote à la retraite, secteur Trois-Rivières/Montréal, témoigne. Pour les pilotes du Saint-Laurent, l’entrée dans l’écluse de Saint-Lambert, située à l’ouest du port de Montréal, signifie la fin d’un long parcours amorcé dans le bas du fleuve. À partir de ce moment, ce sont les membres de la Corporation des pilotes du Fleuve et de la Voie Maritime du Saint-Laurent qui prennent en charge les navires se dirigeant vers les Grands Lacs et les États-Unis. |
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Pilote : un des plus vieux métiers au Québec
Jean Cloutier, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, raconte. Dès les débuts de la Nouvelle-France, la présence de pilotes capables de conduire les navires sur le fleuve Saint-Laurent s’est imposée. Car ce cours d’eau a toujours été difficile à naviguer. C’est en côtoyant le fleuve de près que les premiers pilotes ont acquis les savoirs et savoir-faire qu’ils ont transmis à leurs successeurs jusqu’à aujourd’hui et leur histoire est loin d’être terminée. |
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Piloter un navire de croisière : du rêve à la réalité
Guy Marmen, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, témoigne. Qui n’a pas rêvé de monter à bord d’un des majestueux navires de croisière qui sillonnent le fleuve Saint-Laurent? Pour les pilotes du Saint-Laurent, ces navires n’ont pas nécessairement le même attrait car ils ont des horaires précis à respecter et transportent un grand nombre de passagers dont la vie repose en grande partie sur leurs décisions. C’est pourquoi il y a toujours deux pilotes sur ces navires. |
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Piloter un grand voilier : un voyage dans le passé
Amélie Tessier, pilote, secteur Québec/Trois-Rivières, raconte. Tous les navires ne se ressemblent pas et les pilotes du Saint-Laurent ont parfois la chance de vivre des expériences hors de l’ordinaire. Piloter un grand voilier comme le Picton Castle, un navire construit en 1928, fait partie de ces missions inoubliables. Même si le trajet sur le fleuve s’effectue sans hisser les voiles, ce genre de navire exige des pilotes qu’ils s’adaptent à des conditions de travail qui s’apparentent à ce qu’ont vécu leurs prédécesseurs alors qu’il n’y avait que des voiliers qui naviguaient sur le fleuve. |
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Naviguer dans le brouillard exige des compétences particulières
Simon Pelletier, pilote, secteur Les Escoumins/Québec, témoigne. La météo joue un grand rôle dans la vie des pilotes. Il n’est pas rare que la pluie, le vent, la neige ou le brouillard rendent la visibilité réduite et parfois même nulle. Sans leur connaissance du fleuve et leur expérience de la navigation, la rencontre d’autres navires dans de telles conditions pourrait s’avérer dramatique. Les pilotes doivent s’assurer que les navires qui transitent sur le fleuve soient en mesure d’effectuer leur parcours sans problème malgré les intempéries. |
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Le port de Montréal
Joé Belley, pilote, secteur Port de Montréal, témoigne. Certains pilotes sont formés spécialement pour travailler dans le secteur du port de Montréal. La majeure partie de leur travail consiste à accoster les navires au quai qui leur est réservé ou à les déplacer d’un quai à l’autre pour qu’ils soient chargés ou déchargés. Piloter les navires à partir du port de Montréal jusqu’à l’écluse de Saint-Lambert ou l’inverse fait aussi partie de leurs tâches. Ce secteur exige beaucoup de précision car l’espace est réduit et les risques d’impact élevés. |
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Attention, matières dangereuses!
Louis Rhéaume, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, en parle. Que ce soit à bord de conteneurs ou de pétroliers, une quantité impressionnante de matières dangereuses transitent sur le fleuve Saint-Laurent chaque jour. Grâce à leur expertise de la navigation et leur connaissance approfondie du secteur qu’ils parcourent, les pilotes du Saint-Laurent font en sorte qu’il y ait très peu d’accidents. Leur présence à bord des navires est essentielle pour assurer la protection des vies humaines et de l’environnement. |
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Les plaisanciers
Ghislaine St-Aubin, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, témoigne. Certains plaisanciers ne sont pas conscients des dangers qui les guettent sur le fleuve. Ils ignorent par exemple que les pilotes ne les voient pas quand ils s’approchent trop près des navires ou encore qu’ils ne peuvent pas facilement dévier de leur trajectoire ou s’arrêter. Les pilotes doivent donc être aux aguets quand il y a des embarcations de plaisance dans leur entourage et il n’est pas rare qu’ils doivent prendre des mesures d’urgence pour éviter le pire. |
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Piloter un navire de guerre n’est pas simple
Réginald Caron, pilote du Saint-Laurent, secteur Québec/Trois-Rivières, témoigne. Piloter un navire de guerre n’est pas de tout repos, même en temps de paix, car il y a plusieurs officiers à bord et la chaîne de commandement doit être respectée. Pour les pilotes, il est donc parfois difficile de faire exécuter rapidement de simples directives de navigation. |
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L’embarquement : la partie la plus risquée du travail des pilotes
Charles Pouliot, pilote du Saint-Laurent, secteur Québec/Trois-Rivières, explique. L’embarquement constitue la partie la plus risquée du travail des pilotes du Saint-Laurent car la plupart des navires qui transitent sur le fleuve ne s’arrêtent pas pour les faire monter à bord. Les pilotes s’approchent de ces imposants navires à l’aide de petits bateaux qui les déposent au bas d’une échelle de corde dans laquelle ils doivent s’empresser de grimper pour débuter leur travail. |
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Accoster l’hiver : un travail délicat
Bruno LeBlanc, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, témoigne. Accoster est un travail délicat, surtout l’hiver alors que la glace et la neige rendent la tâche encore plus difficile. Certains pilotes, qu’on appelle « lamaneurs », sont spécialement formés pour accomplir ce genre de manœuvres. Cette spécialisation n’est accessible qu’aux pilotes expérimentés détenteurs d’un brevet de classe A et elle nécessite une formation pratique supplémentaire afin de répondre aux exigences très strictes de ce travail. |
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Quitter le port sans remorqueur
Michel Pouliot, pilote à la retraite, secteur Les Escoumins/Québec, raconte. Il arrive parfois que les pilotes doivent prendre en charge un navire amarré à un quai. Ils peuvent alors avoir recours à des remorqueurs mais ce n’est pas toujours possible. Quitter le port sans remorqueur nécessite beaucoup d’attention à cause de l’espace restreint dont ils disposent sans compter le vent, les courants et la marée qui peuvent rendre les départs difficiles. |
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Bien connaître le fleuve : un atout dans le chenal maritime
Jean Bélisle, pilote à la retraite, secteur Trois-Rivières/Montréal, explique. Naviguer dans le chenal maritime exige une bonne connaissance du fleuve Saint-Laurent et des courants car le chenal est étroit et sinueux. Grâce à leur expertise, les pilotes sont en mesure de prévoir les risques à venir et de donner des directives précises aux timoniers qui proviennent souvent de l’extérieur du pays et n’ont pas nécessairement été formés pour naviguer en milieu restreint. |
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Faire face à une panne de moteur
Éric Bergeron, pilote, secteur Trois-Rivières/Montréal, raconte. Les pilotes doivent parfois faire face à des problèmes mécaniques. Peu importe où ils se trouvent sur le fleuve, quand un navire tombe en panne, ils doivent prendre rapidement la bonne décision. Leur connaissance approfondie de la carte marine, de la profondeur d’eau disponible, de la nature du fond du fleuve et des courants constitue alors un atout précieux puisqu’ils savent exactement à quel endroit ils peuvent jeter l’ancre afin de limiter les dommages au navire et à l’environnement. |
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La première affectation : une expérience inoubliable
Carl Robitaille, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, raconte. Tous les pilotes se rappellent la première fois qu’ils sont montés à bord d’un navire pour effectuer leur première mission de pilotage après avoir obtenu leur brevet. Désormais seuls à bord ou en tandem avec un collègue, ils ont dû faire la démonstration qu’ils étaient en mesure de diriger le navire jusqu’à sa destination, et ce, peu importe les conditions climatiques. |
L’examen final : une étape cruciale
Benoit Blanchette, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, témoigne. Ce n’est qu’après deux ans d’apprentissage sur le fleuve que les apprentis pilotes peuvent accéder à la dernière étape de leur parcours : l’examen final. Cet examen comporte deux parties, l’une écrite et l’autre orale. Il vise à évaluer leurs connaissances du fleuve et leurs capacités décisionnelles, car les pilotes doivent être en mesure de faire face à toutes les situations. |
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La bedaine de saint Louis : un repère visuel
Jacquelin Hardy, pilote du Saint-Laurent, secteur Québec/Trois-Rivières, explique. Même s’ils disposent d’instruments électroniques sophistiqués, tous les pilotes du Saint-Laurent utilisent des marques ou repères visuels pour déterminer leur position sur le fleuve. La plupart du temps, il s’agit d’éléments du paysage facilement repérables qui leur permettent de s’assurer d’un simple coup d’œil que le navire se trouve au bon endroit et se dirige dans la bonne direction.
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Les rapides Richelieu : un passage difficile
Carol Noël, pilote du Saint-Laurent, secteur Québec/Trois-Rivières, explique. Loin d’être un long fleuve tranquille, le Saint-Laurent est parsemé d’embûches. Chaque secteur a ses particularités et comporte des endroits plus risqués. Entre Québec et Trois-Rivières, les rapides Richelieu font partie de ces passages difficiles à franchir. |
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Naviguer à travers les glaces est parfois difficile
François Pouliot, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, raconte. Il arrive souvent que des amoncellements de glace bloquent le passage des navires sur le fleuve Saint-Laurent durant l’hiver. Si la plupart s’en tirent sans trop de problèmes, certains d’entre eux se retrouvent pris dans les glaces. Les pilotes doivent alors avoir recours à diverses manœuvres pour s’en sortir. Naviguer sur le fleuve à travers les glaces n’est vraiment pas facile! |
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Le travail des pilotes est-il routinier?
Yves Plourde, pilote du Saint-Laurent, secteur Les Escoumins/Québec, témoigne. Pour devenir pilote du Saint-Laurent, il faut avoir obtenu le grade de capitaine ou premier officier et bénéficier d’une solide expérience de la navigation. C’est donc souvent après avoir navigué un peu partout à travers le monde, que la plupart d’entre eux sont devenus pilotes. Comment peut-on effectuer régulièrement le même trajet sur le fleuve sans s’ennuyer après avoir autant voyagé? Pour certains, ce choix n’a pas été facile. |
Pour réaliser ce projet, la Société québécoise d’ethnologie bénéficie de l’appui de divers partenaires : la Corporation des pilotes du Saint-Laurent Central, la Corporation des pilotes du Bas Saint-Laurent, l’Administration de pilotage des Laurentides, le Musée maritime du Québec, l’Institut maritime du Québec, le Musée de la mémoire vivante ainsi que le Laboratoire d’enquête ethnologique et multimédia de l’Université Laval.
Ce projet est réalisé grâce au soutien financier du Gouvernement du Québec. |
Image à la une : Navires s’approchant des ponts de Québec sur le fleuve Saint-Laurent en hiver. Photo : Bruno Boissonneault
4 commentaires
Merci de nous faire découvrir ce métier méconnu qui comporte d’énomes responsabilités.
Un métier, pilote du Saint-Laurent, qui semble facile mais combien surprenant. Peut-on imaginer au début du 20e siècle, ce que cela demandait d’expérience et de hardiesse. Aujourd’hui, il faut toujours être à la fine pointe des connaissances technologiques. Bravo.
Mes plus chaudes félicitations à Suzanne Marchand, ma très grande amie.
Étant en contact très étroit avec Suzanne, j’ai pu constater l’immense travail qu’elle a effectué jusqu’à présent à titre de chargée de projet.
Merci de nous faire découvrir notre merveilleux patrimoine maritime.
Un magnifique projet! Bravo à toute l’équipe! Bonne continuation.