Visitez l’exposition « Jean-Julien Bourgault, témoin de son temps »

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Vue d’ensemble, entrée de l’exposition

23 mai 2017 |

Enfin, une expo­si­tion sur l’œuvre de Jean-Julien Bour­gault (1910–1996) ! Il aura fal­lu atten­dre 20 ans après la mort de ce maître sculp­teur de Saint-Jean-Port-Joli pour qu’un musée québé­cois organ­ise une rétro­spec­tive de son œuvre ! Nous devons cette ini­tia­tive à l’ancien directeur du Musée québé­cois de cul­ture pop­u­laire, Yvon Noël, qui a invité Nicole Bour­gault, la fille du sculp­teur, à agir en tant que com­mis­saire de cette expo­si­tion qui présente près de 80 œuvres de l’artiste, dont les plus anci­ennes remon­tent à ses débuts en 1931.

Deux pièces mag­nifiques ouvrent cette expo­si­tion et inci­tent à la vis­iter :

« À mon dra­peau » (1951), d’après un bronze d’Alfred Lal­ib­erté (Col­lec­tion Marie Blan­chard)

« À mon dra­peau » (1951), mon­tre une mère qui explique à ses enfants le dra­peau du Québec qu’elle tient sur ses genoux. Jean-Julien voulait ain­si com­mé­mor­er l’adoption offi­cielle, en 1948, du fleur­delisé par Mau­rice Dup­lessis. Juste der­rière, un ange magis­tral, grandeur d’homme (1960), offi­cialise un évène­ment, notre vis­ite sans doute. Le choix de ces deux pièces me sem­ble fort judi­cieux, car elles expri­ment les élé­ments sym­bol­iques forts de la société de l’époque : la famille, la langue, la patrie et la reli­gion.

L’exposition est organ­isée en divers thèmes qui aident le vis­i­teur à com­pren­dre les champs d’intérêt du sculp­teur. Plusieurs bas-reliefs présen­tent, de façon humoris­tique, la vie au quo­ti­di­en, comme cette œuvre — qu’on pour­rait con­sid­ér­er comme un clas­sique de l’art sculp­tur­al québé­cois — « Le ser­mon du curé Fleury » (1959) où mon­sieur le curé s’évertue à prêch­er à ses ouailles qui trou­vent le temps long, bail­lent ou s’endorment tout sim­ple­ment durant l’homélie.

« Magloire » (1961) (Col­lec­tion Jean-Guy Tou­s­saint)

Un autre bas-relief qui m’a impres­sion­né est « L’atelier de Magloire Bour­gault » (1961). Cette œuvre nous présente le menuisi­er Magloire avec deux de ses enfants, Jean-Julien et André, qui s’amusent à fab­ri­quer des jou­ets à ses pieds. Le père est accom­pa­g­né de son ami, le sculp­teur au canif Arthur Fournier, qui gosse dans un coin. Ce dernier aura une influ­ence mar­quante sur les frères Bour­gault qui dev­in­rent sculp­teurs comme lui après avoir briève­ment pra­tiqué le méti­er de leur père. Pourquoi fal­lait-il que les enfants se détachent de leur père et se lan­cent dans une pro­fes­sion au futur incer­tain à l’époque de la grande crise économique ?

« Le vio­loneux » (vers 1931) (Col­lec­tion Pierre Bour­gault)

Plusieurs des œuvres assem­blées pour cette expo­si­tion sont petites, mais elles sont raf­finées et pleines de détails qu’il faut observ­er avec minu­tie afin d’en décou­vrir toute la vivac­ité. Des pièces comme « L’Essouchage » et « Le Vio­loneux », de 1931, mon­trent une dex­térité et un ren­du qui n’est pas le pro­pre habituel d’un débu­tant. Les œuvres que Jean-Julien réalise dès les pre­mières années, entre 1931 et 1933, révè­lent déjà une con­nais­sance des formes, une maîtrise des out­ils et un intérêt mar­qué pour l’interprétation, sou­vent enjouée, de la réal­ité de la vie de chez nous.

 Les Bour­gault com­men­cent à sculpter à l’époque où le mou­ve­ment occi­den­tal con­nu sous le nom de Arts and Crafts a encore grande répu­ta­tion. On veut remet­tre en valeur ce qui est fait main. Le clergé par­ticipe active­ment à ce mou­ve­ment en encour­ageant les arts. Médard et Jean-Julien reçoivent de nom­breuses com­man­des pour des pièces religieuses — non pas seule­ment du Québec — mais aus­si de l’Ontario, des Provinces mar­itimes, de l’Ouest cana­di­en ain­si que des États-Unis. Jean-Julien fonde alors un ate­lier de pro­duc­tion d’ameublement d’églises qu’il opère de 1948 à 1959. 

 Jean-Julien est con­teur et c’est prin­ci­pale­ment dans le bois qu’il exprime toute sa verve, quoiqu’il utilise le bronze et la pierre, à l’occasion. Con­tes, légen­des et réc­its fan­tas­tiques se retrou­vent exprimés dans des ron­des-boss­es et des bas-reliefs savoureux tels La Chas­se-galerie et La Coureuse des grèves, imprégnés d’une inter­pré­ta­tion toute per­son­nelle.

« Tour­bil­lon » (1981), Col­lec­tion du MQCP, don du Dr. Pierre Laplante

Maître-sculp­teur, il le fut. Non seule­ment en rai­son de la qual­ité et de la créa­tiv­ité de son œuvre, mais égale­ment parce qu’il a for­mé un nom­bre imposant d’apprentis tout au long de sa car­rière. Son influ­ence fut immense. Jean-Julien Bour­gault est décédé en 1996, lais­sant der­rière lui sa famille et ses élèves, mais aus­si, dit-on, un car­net de com­man­des plein. Son œuvre aura été remar­quable et abon­dante. Il aura racon­té la vie autour de lui avec beau­coup d’acuité et d’humour. Il aura meublé nos lieux de culte afin que l’action de l’homme soit vis­i­ble et tan­gi­ble, là où ce dernier se rassem­ble pour hon­or­er son dieu. Il aura été un artiste de son temps, sculp­tant le laboureur et l’homme religieux que nous étions pour s’adonner plus tard au culte du nu féminin dans toute sa sen­su­al­ité. C’est d’ailleurs avec un nu d’une grande beauté qu’on ter­mine cette vis­ite, « Tour­bil­lon » (1981), Col­lec­tion du MQCP.

Les travaux de Jean-Julien Bour­gault furent appré­ciés de nom­breux admi­ra­teurs tant au Québec qu’au Cana­da, aux États-Unis et en France. L’impact de son tra­vail et de la for­ma­tion qu’il a don­née n’a pas encore été éval­ué à sa juste valeur. Cette expo­si­tion est une belle ini­ti­a­tion à l’œuvre gigan­tesque de Jean-Julien Bour­gault et ses organ­isa­teurs méri­tent nos félic­i­ta­tions.

Texte et pho­togra­phies de Jean-François Blanchette

21 commentaires

  1. Bon­jour, mon fils a une oeu­vre de jean- Julien de 3 per­son­nes agées qui dansent et un vio­loneux assis . genre une soirée cana­di­enne

    1. Bon­jour M. Jean-Paul. Nous sommes une société de recherche et nous ne ven­dons pas d’oeu­vre. Je vous sug­gère de vous adress­er aux anti­quaires qui ont par­fois des oeu­vres de sculp­teurs de Saint-Jean-Port-Joli. Entre autres, les anti­quaires de la ville de Québec en ont sou­vent. Bonnes trou­vailles!

      1. Bon­jour je voudrais savoir si vous achetez des sculp­tures fait par lui.Jai une sculp­ture de Jésus fait par lui

        1. Bon­jour,
          La Société québé­coise d’eth­nolo­gie n’ac­quiert pas de pièces, nous vous invi­tons à vous adress­er à un anti­quaire près de chez vous.

  2. Bon­jour a vous, moi aus­si je possede deux oeu­vres de M.jj Bougault , soit une Lampe qui rep­re­sente un bucheron abatant un arbre et une murale d’en­v­i­ron 5′ de haut par 30″ de large
    qui rep­re­sente un cap­i­taine de bateau avec son gou­ver­nail, je la possede depuis env­i­ron 50ans je dirai.….je souhait­erai aus­si les ven­dre si pos­si­ble, mais je ne sais com­ment faire et ou aller pour cela.

    1. Jean-Julien Bour­gault était un grand sculp­teur. Il y a de très bon anti­quaires au Québec et plusieurs sont intéressés par les oeu­vres des sculp­teurs de Saint-Jean-Port-Joli. Par ailleurs, vous pour­riez aus­si en faire don à un musée. Je vous souhaite de trou­ver une nou­velle demeure pour vos oeu­vres.

  3. Je voudrais savoir si les œuvres de J.J.Bourgault était signées Jean où Jean-Julien,étant proprio.,d’une sculp­ture de la Vierge Marie et ne sachant pas si elle est authen­tique.

    Mer­ci de l’attention que vous porterez à ma demande.

  4. WoW!
    Quelle belle expo­si­tion !
    J’ai une œuvre orig­i­nale du nom de la vierge et l’enfant datant de 1935.
    Serez-vous intéressé à l’exposer à votre col­lec­tion ?
    Nous seri­ons ravi de la faire décou­vrir au pub­lic!

    1. Cette expo­si­tion est main­tenant ter­minée. Je vous remer­cie de votre intérêt envers celle-ci. J’ai com­mu­niqué vos infor­ma­tions à un auteur de l’histoire des Bour­gault afin qu’il puisse entr­er en con­tact avec vous.
      Cor­diale­ment,
      Marie-Ève Lord
      Édimestre

  5. J’ai moi aus­si une superbe sculp­ture de Mr. JJ Bour­gault, il avait sculpure une femme nue pour ma Grand Mere Cecile Dube. Cette piece a ete passe a ma mere Louisette Pel­leti­er quand ma Grand mere a decede et main­tenant etant la fille de Louisette cette belle oeu­vre ma ete donne par ma mere en 2008 suiv­ant son deces. Je voudrais ven­dre cette piece a quelqu’un qui admire les pieces de Mr. Bour­gault.
    Mer­ci bien
    Mar­lene

    1. Bon­jour madame Allan,
      Votre mes­sage est achem­iné à une per­son­ne qui con­naît bien les sculp­tures de la famille Bour­gault et qui pour­rait vous sug­gér­er des avenues pour trou­ver un nou­veau pro­prié­taire pour votre sculp­ture.
      Bien cor­diale­ment,
      Marie-Ève Lord
      Édimestre

  6. J’ai 3 tableaux sculp­tures de JJ et Gil bour­gault de 1965 env­i­ron et je pense m’en dépar­tir. Avis aux intéressés. env­i­ron 24’‘ par 36’’ 450 658 1645

  7. Je suis une chanceuse!
    En 1975 mon père deman­da à M. J.J Bour­gault une sculp­ture pour expos­er dans le Bar de son Restau­rant ‚selon son inspi­ra­tion. Le seul critère était la dimen­sion. M. Bour­gault fut enchan­té de cette com­mande au dire de mon père. Cette sculp­ture est mag­nifique, elle représente une bande d’amis buvant autour d’une table dans une tav­erne. J’aime à croire que l’homme du cen­tre est son auto­por­trait et les autres ses amis. Elle fut exposée dans le com­merce de mon père jusqu’en 1993 qui fut expro­prié. De 1995 à 2014 elle fut exposé dans mon Bistro-bar et main­tenant elle trône sur le mur de mon sous-sol. Beau­coup de clients ont passé notre porte depuis tant d’an­née et ont pu l’ad­mir­er.

  8. Bra­vo pour cette expo­si­tion!

    À pré­cis­er que Nicole Bour­gault est eth­no­logue et elle-même une artiste exerçant l’art du vit­rail.

  9. C’est très intéres­sant!
    J’ai eu le plaisir d’ad­mir­er les oeu­vres de Jean-Julien chez lui, lors d’un sym­po­sium de sculp­ture à St-Jean-Port-Joli, vers 1987.
    Le réc­it de sa vie et de son oeu­vre qu’en fait Jean-François vient com­pléter le sou­venir que j’ai de lui, de son accueil, de sa chaleur.

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