L’histoire de la pêche sportive au Québec

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Ce con­den­sé est tiré de l’article de Paul-Louis Mar­tin pub­lié ini­tiale­ment dans la revue Rabas­ka, vol­ume 18, 2020, p. 43–87.

Les orig­ines de la pêche sportive remon­tent à l’arrivée des Anglais, unanime­ment recon­nus comme les véri­ta­bles inven­teurs de cette pra­tique en Occi­dent. Elle est con­sid­érée comme une activ­ité de loisir exclu­sive­ment pra­tiquée par une élite qui pou­vait se per­me­t­tre d’avoir un con­tact avec ce que la nature sauvage pou­vait offrir et ain­si con­tem­pler les riv­ières et les eaux vives. Par con­tre, les pre­miers réc­its de pêche démon­trent que cette pra­tique est plus qu’un sport. Elle est représen­tée comme une nou­velle valeur en tant que cul­ture qui s’est déployée dans tout le pays et qui a été influ­encée en quelque sorte par la pen­sée roman­tique qui a eu un large impact sur la vie artis­tique et sociale en Occi­dent. Le pêcheur sportif se présente comme un mil­i­taire de haut rang, major ou sur­in­ten­dant du ser­vice de l’armée bri­tan­nique, ces spé­cial­istes du domaine pos­sé­dant une for­ma­tion clé et un salaire nor­mal qui les posi­tion­nent par­mi les mem­bres priv­ilégiés de la société. Pen­dant au moins 300 ans, la pêche à la mouche a été asso­ciée aux caté­gories sociales les plus favorisées de la société bri­tan­nique comme le golf, le thé et le whisky, la plaçant ain­si comme une activ­ité pro­fondé­ment respec­tée. Avec la crois­sance rapi­de des villes au XIXe siè­cle, la dégra­da­tion du niveau de vie et la vul­néra­bil­ité aux épidémies, un sen­ti­ment com­mence à se dévelop­per chez les urbains pour chercher de l’air pur, de grands espaces et ain­si pou­voir sor­tir de ce chaos.

Extrait d'un guide touristique
Au pays de la fab­uleuse oua­naniche, le saumon d’eau douce. Guide touris­tique d’E.T.D. Cham­bers sur le Sague­nay, nou­veau par­adis des sports­men, 1893 © Musée de la civil­i­sa­tion, don d’Errol Tra­chy, MCQ008435

Pro­gres­sive­ment, la pêche sportive devient très pop­u­laire et c’est en rai­son de ces fac­teurs que les com­pag­nies de navires com­men­cent à pro­pos­er des voy­ages et des excur­sions qui peu­vent répon­dre aux besoins, per­me­t­tant ain­si aux voyageurs de pêch­er la tru­ite et le saumon. La pub­lic­ité de ces itinéraires devient si pop­u­laire au point où ils sont pro­mus par les jour­naux et les guides touris­tiques, stim­u­lant la volon­té de trou­ver les bien­faits de la nature. Au fur et à mesure que ce sport deve­nait si pop­u­laire, la néces­sité de créer des clubs privés pour la pro­tec­tion et la con­ser­va­tion des pois­sons, de la faune et gibier com­mença à se faire sen­tir, créant ain­si 50 clubs privés entre les années 1885 à 1896, aug­men­tant leur nom­bre à 300 en 1914 et à 600 avant la Sec­onde Guerre mon­di­ale. Peu à peu, une com­bi­nai­son de fac­teurs accom­pa­gne la démoc­ra­ti­sa­tion de la pêche sportive grâce à l’augmentation des moyens de trans­port et des routes don­nant ain­si accès à de nou­veaux ter­ri­toires. Bien que la pêche sportive soit encore à appro­fondir, elle mon­tre un chemin boulever­sant fondé sur la dis­crim­i­na­tion sociale et l’inégalité des revenus. La pêche à la ligne peut être con­sid­érée comme la vic­toire d’un long com­bat pop­u­laire pour démoc­ra­tis­er les loisirs et ain­si se réap­pro­prier toutes les richess­es de notre ter­ri­toire.

 

Crédits

Recherche et rédac­tion : Liz Pamela Fajar­do
Révi­sion : Louise Décarie
Mise en page : Marie-Ève Lord
Illus­tra­tions : tel qu’indiqué au bas des vignettes

 

On peut se pro­cur­er un exem­plaire de la revue Rabas­ka ici.

Image à la une :  Fos­se à saumons sur la rivière God­bout. Huile sur toile de Fred­er­ick Arthur Vern­er, 68 x 122 cm, 1877. © Musée nation­al des beaux-arts du Québec, 1948.115 ; pho­to : Jean-Guy Kérouac

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