Ce condensé est tiré de l’article de Carmen d’Entremont publié initialement dans la revue Rabaska, volume 16, 2018 p. 11–24
Il existe en Acadie une tradition fascinante qui manifeste sa vitalité et étonne par son originalité. Les astuces pour s’amuser, se venger et punir font partie de ce qu’on appelle la mystification. C’est une coutume universelle qui consiste à tromper les gens en abusant de leur crédulité. Sa présence se reflète dans les principaux domaines de la tradition, le calendrier festif, les rites et les activités quotidiennes exposant ainsi sa longévité. Dans la pluralité du quotidien, l’humour, le plaisir et tout le contexte de jouer un tour occupent une place assez importante et intéressante.
La mystification divise ses participants en deux groupes distincts : les mystificateurs [les trompeurs], ceux qui sont dans le secret, c’est-à-dire qui sont au courant de la tromperie qui se prépare, et les victimes, qui sont malheureusement tenues dans l’ignorance et qui se font avoir. Tel que mentionné par Denise Rodrigue dans le cadre de son étude sur Le Cycle de Pâques au Québec et dans l’ouest de la France « Le besoin de duper les gens semble inhérent à la nature humaine ». Un besoin qui se reflète par la nécessité d’être astucieux et malicieux. Ceux qui ont recours à des astuces se retrouvent plongés dans un contexte de tradition, de divertissement, d’intégration et d’autonomisation. Les farceurs disent qu’ils mystifient « pour s’amuser », « pour rire » ou « pour tuer [faire passer] le temps ».
Les initiations comprennent souvent des tours avec l’objectif d’agréger un individu à une collectivité donnée suscitant ainsi des liens affectifs et renforçant la solidarité du groupe en question. L’intention de nombreux mystificateurs est de prendre leur revanche, surtout pour régler leurs comptes avec ceux qui les ont attrapés au cours de l’année. Les tours représentent également une forme de sanction populaire. Certaines personnes jouaient des tours avec l’intention, non seulement de punir, mais de corriger un mauvais comportement. Il y a certainement d’autres raisons moins communes pour jouer des tours comme mystifier la population dans l’intention d’exhiber leurs talents ou encore pour avoir des choses à raconter.
Les données consultées ont permis de constater que la mystification exploite les faiblesses et la naïveté des gens, peu importe les motifs et les intentions. Ce qui amène à contester l’expérience des individus qui sont l’objet de ces plaisanteries.
On peut se procurer un exemplaire de la revue Rabaska ici.
Crédits
Rédaction : Liz Pamela Fajardo
Révision : Louise Décarie
Mise en page : Marie-Ève Lord
Image à la une : Crème fouettée sur le visage. Photo : Inconnue, pxhere 2021