C’était hier à Palmarolle

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Ce con­den­sé est tiré de l’article de Richard Dubé pub­lié ini­tiale­ment dans la revue Rabas­ka, vol­ume 18, 2020, p. 135–167.

Mes grands-par­ents, Marie-Claire Gen­dron et Edgar Dubé, vers 1915–1920

C’est à tra­vers un regard intimiste et grâce aux objets que ses grands-par­ents ont lais­sés que l’ethnologue Richard Dubé se plonge dans ses sou­venirs pour retrac­er l’histoire de son grand-père Edgard Dubé, un homme de son époque, qui s’exprimait peu mais qui a lais­sé des traces matérielles rich­es de con­tenu. Il con­vient d’explorer ces traces car ce grand-père a vécu à l’ombre de son épouse, Marie-Anne Gen­dron, qui était la chef du clan Dubé.

Toute une série d’émotions sont éveil­lées par l’examen des lieux et des activ­ités qui ont meublé le temps d’Edgar Dubé. Ses out­ils de menuisi­er-char­p­en­tier avec lesquels il a con­stru­it plusieurs bâtiss­es du vil­lage, le cof­fre de mariage qu’il a amoureuse­ment fab­riqué pour sa douce épouse, sa pro­pre mon­tre de poche et les autres objets con­servés de lui témoignent d’un homme habile et con­scien­cieux à son ouvrage.

Le vil­lage de Pal­marolle à la fin des années 1930, Le pont cou­vert laisse devin­er la riv­ière Dage­nais. Déjà à l’époque, le mag­a­sin général, l’hôtel, le Syn­di­cat, la beur­rerie, la forge et la menuis­erie struc­turent le vil­lage. À l’horizon, les belles ter­res agri­coles.

Le nom de Pal­marolle évoque les sou­venirs d’une vie heureuse et ani­mée dans le cœur d’un vil­lage regroupé autour d’une église parois­siale et coupé par la riv­ière Dage­nais. La vie bat au rythme des échanges dans ce jeune vil­lage de l’Abitibi rurale.  Le mode de vie s’inspire des tra­di­tions du pays de la val­lée du Saint-Lau­rent s’adaptant aux exi­gences d’une époque de coloni­sa­tion où les forêts à bûch­er, les ter­res à cul­tiv­er et les mines à exploiter imposent un nou­v­el univers de tra­vail. Le vil­lage de Pal­marolle nous ramène à une époque où la reli­gion imprègne la vie de la com­mu­nauté. L’école, le cou­vent des sœurs de L’Assomption, l’église, le pres­bytère et les bâti­ments de ferme du curé Halde étaient des lieux de décou­vertes et des oppor­tu­nités de sor­tie pour d’innombrables enfants. La social­i­sa­tion s’in­car­ne dans les rit­uels religieux, civils, sco­laires et famil­i­aux.

Le Pal­marolle des années 1940 est celui des bâtis­seurs prospères; il a suc­cédé à la mis­ère des pre­miers défricheurs. Le suc­cès du mag­a­sin général, appelé com­muné­ment le « Syn­di­cat » pour syn­di­cat de coopéra­tion, témoigne de la vie floris­sante de la com­mu­nauté; il appar­tient à Gré­goire Dubé, le fils d’Edgar. C’est un grand lieu de ren­con­tre. Con­traire­ment à son père Edgar, Gré­goire est vol­u­bile. Il aime entretenir les gens et racon­ter des his­toires aux enfants de la famille élargie qui se réu­nis­saient les dimanch­es et jours de fête. Les cousins et cousines Dubé sont en effet nom­breux dans le vil­lage. C’est d’ailleurs à Pal­marolle qu’est né le clan Dubé com­posé de mem­bres que l’on retrou­ve dans toutes les sphères de la société québé­coise, dans les dif­férentes provinces cana­di­ennes, et aus­si aux États-Unis et en Europe. Le pio­nnier et le respon­s­able de l’origine de cet impor­tant clan est le grand-père Edgar, un homme dis­cret, tra­vailleur et appliqué qui nous a lais­sé des empreintes matérielles (objets, doc­u­ments, icono­gra­phies) et immatérielles (témoignages et sou­venirs) sans pareil.

Le vil­lage de Pal­marolle revit au sein d’une grande fratrie. Edgar Dubé est un pio­nnier qui récolte encore aujourd’hui ce qu’il a semé, à tra­vers ses nom­breux descen­dants.

Une adresse de cir­con­stance. Extrait de l’adresse com­posée par ma mère, Louise Moris­sette, lors du 35e anniver­saire de mariage de ses beaux-par­ents, Marie-Anne Gen­dron et Edgar Dubé, le 29 juil­let 1943. Son dessin regroupe les noms des 13 enfants du cou­ple.

On peut lire l’article orig­i­nal de Richard Dubé ici.

On peut se pro­cur­er un exem­plaire de la revue Rabas­ka ici.

 

Crédits
Rédac­tion : Liz Pamela Fajar­do
Révi­sion : Louise Décarie
Mise en page : Marie-Ève Lord
Les pho­togra­phies sont tirées des albums de Richard Dubé.

Image à la une : Le « Syn­di­cat » de Pal­marolle, un syn­di­cat coopératif de con­som­ma­tion. Gré­goire Dubé pose fière­ment devant le mag­a­sin général qui jouxte la rési­dence famil­iale. Une cer­taine prospérité se dégage de ces gross­es voitures devant ce bel édi­fice aux cor­nich­es déco­ra­tives de style Boom­town. C’était au début des années 1940.

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