Ce condensé est tiré de l’article de Richard Dubé publié initialement dans la revue Rabaska, volume 18, 2020, p. 135–167.
C’est à travers un regard intimiste et grâce aux objets que ses grands-parents ont laissés que l’ethnologue Richard Dubé se plonge dans ses souvenirs pour retracer l’histoire de son grand-père Edgard Dubé, un homme de son époque, qui s’exprimait peu mais qui a laissé des traces matérielles riches de contenu. Il convient d’explorer ces traces car ce grand-père a vécu à l’ombre de son épouse, Marie-Anne Gendron, qui était la chef du clan Dubé.
Toute une série d’émotions sont éveillées par l’examen des lieux et des activités qui ont meublé le temps d’Edgar Dubé. Ses outils de menuisier-charpentier avec lesquels il a construit plusieurs bâtisses du village, le coffre de mariage qu’il a amoureusement fabriqué pour sa douce épouse, sa propre montre de poche et les autres objets conservés de lui témoignent d’un homme habile et consciencieux à son ouvrage.
Le nom de Palmarolle évoque les souvenirs d’une vie heureuse et animée dans le cœur d’un village regroupé autour d’une église paroissiale et coupé par la rivière Dagenais. La vie bat au rythme des échanges dans ce jeune village de l’Abitibi rurale. Le mode de vie s’inspire des traditions du pays de la vallée du Saint-Laurent s’adaptant aux exigences d’une époque de colonisation où les forêts à bûcher, les terres à cultiver et les mines à exploiter imposent un nouvel univers de travail. Le village de Palmarolle nous ramène à une époque où la religion imprègne la vie de la communauté. L’école, le couvent des sœurs de L’Assomption, l’église, le presbytère et les bâtiments de ferme du curé Halde étaient des lieux de découvertes et des opportunités de sortie pour d’innombrables enfants. La socialisation s’incarne dans les rituels religieux, civils, scolaires et familiaux.
Le Palmarolle des années 1940 est celui des bâtisseurs prospères; il a succédé à la misère des premiers défricheurs. Le succès du magasin général, appelé communément le « Syndicat » pour syndicat de coopération, témoigne de la vie florissante de la communauté; il appartient à Grégoire Dubé, le fils d’Edgar. C’est un grand lieu de rencontre. Contrairement à son père Edgar, Grégoire est volubile. Il aime entretenir les gens et raconter des histoires aux enfants de la famille élargie qui se réunissaient les dimanches et jours de fête. Les cousins et cousines Dubé sont en effet nombreux dans le village. C’est d’ailleurs à Palmarolle qu’est né le clan Dubé composé de membres que l’on retrouve dans toutes les sphères de la société québécoise, dans les différentes provinces canadiennes, et aussi aux États-Unis et en Europe. Le pionnier et le responsable de l’origine de cet important clan est le grand-père Edgar, un homme discret, travailleur et appliqué qui nous a laissé des empreintes matérielles (objets, documents, iconographies) et immatérielles (témoignages et souvenirs) sans pareil.
Le village de Palmarolle revit au sein d’une grande fratrie. Edgar Dubé est un pionnier qui récolte encore aujourd’hui ce qu’il a semé, à travers ses nombreux descendants.
On peut lire l’article original de Richard Dubé ici.
On peut se procurer un exemplaire de la revue Rabaska ici.
Crédits
Rédaction : Liz Pamela Fajardo
Révision : Louise Décarie
Mise en page : Marie-Ève Lord
Les photographies sont tirées des albums de Richard Dubé.
Image à la une : Le « Syndicat » de Palmarolle, un syndicat coopératif de consommation. Grégoire Dubé pose fièrement devant le magasin général qui jouxte la résidence familiale. Une certaine prospérité se dégage de ces grosses voitures devant ce bel édifice aux corniches décoratives de style Boomtown. C’était au début des années 1940.