Hommage à Françoise Dubé

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26 avril 2016 |

Hommage à l’ethnologue Françoise Dubé (1950–1992)

C’est un très bel hom­mage que Bernard Gen­est a ren­du à son anci­enne col­lègue de tra­vail, l’ethnologue Françoise Dubé, dont les enquêtes ont inspiré le film « L’amour a des ailes ». Celui-ci a été présen­té lors de la dernière ciné-ren­con­tre de la Société québé­coise d’ethnologie, le 12 avril dernier, en présence de la vedette du film Thomas Fecteau, pilote de brousse, des mem­bres de sa famille et du réal­isa­teur du film, Denis Boivin.

Voici quelques extraits du témoignage de Bernard Gen­est:

Françoise Dubé en entre­vue avec Thomas Fecteau, vedette du film « L’amour a des ailes » (Pho­to Louise Leblanc)

« Je con­nais­sais bien Françoise, car nous formions équipe au Ser­vice des inven­taires du min­istère des Affaires cul­turelles dans les années 1974 à 1978. En 1974, le directeur du Ser­vice des inven­taires m’avait pro­posé de m’adjoindre un col­lab­o­ra­teur ou une col­lab­o­ra­trice. Pierre Lahoud, un col­lègue his­to­rien, m’avait sug­géré Françoise qui ren­trait d’un stage en Afrique (avec l’Office fran­co-québé­cois pour la jeunesse, je crois). Out­re le fait que Françoise était évidem­ment qual­i­fiée pour le poste, je pense que ce qui m’avait le plus impres­sion­né au moment de l’entrevue, c’est cette expéri­ence africaine que je trou­vais hors des sen­tiers bat­tus. À l’époque, un peu comme les pio­nniers de l’aviation dont il est ques­tion dans le film, le méti­er d’ethnologue, au sein de l’équipe de l’Inventaire, nous ame­nait par­fois à voy­ager dans des con­di­tions, sinon périlleuses, tout au moins dif­fi­ciles.

Une de ses pre­mières mis­sions fut d’effectuer des enquêtes orales sur l’île d’Anticosti auprès de per­son­nes qui avaient con­nu l’âge d’or de l’île, c’est-à-dire l’époque des Menier (Hen­ri puis Gas­ton). Françoise pas­sa plusieurs semaines con­séc­u­tives sur l’île à ren­con­tr­er et enreg­istr­er des témoins de cette époque. Ceux qui l’ont con­nue savent avec quelle facil­ité et quelle spon­tanéité, avec quelle chaleur, elle pou­vait entr­er en con­tact avec les gens. Elle aimait les gens et avait beau­coup de plaisir à établir un dia­logue avec eux. Elle savait d’instinct com­ment établir un cli­mat de con­fi­ance et amen­er ses infor­ma­teurs à se racon­ter. C’est une ver­tu essen­tielle à l’exercice du méti­er d’ethnologue comme on le sait, l’enquête orale étant en quelque sorte son lab­o­ra­toire.

Les années 1975–1979, au Min­istère, sont celles de l’inventaire des arti­sans tra­di­tion­nels de l’Est du Québec. Françoise a par­ticipé à ce pro­jet. Nous formions équipe pour dénich­er et doc­u­menter des arti­sans des métiers du fer, du bois, de la pierre et du cuir, partout dans l’Est du Québec (dans Charlevoix, sur la Côte Nord, dans le Bas-Saint-Lau­rent, en Gaspésie et ailleurs). Dans la foulée de ces travaux, Françoise et moi avons réal­isé des études, comme celle sur la chalouperie God­bout de Saint-Lau­rent, île d’Orléans (Chalouperie God­bout (1976) ou celle sur Arthur Trem­blay, forg­eron de vil­lage (1978).

Après avoir quit­té le Min­istère, Françoise a tra­vail­lé une dizaine d’années à for­fait pour dif­férents organ­ismes (dont le Min­istère, Parcs Cana­da, des munic­i­pal­ités, des sociétés d’histoire et la Fon­da­tion Rues Prin­ci­pales). En 1990, elle avait reçu le man­dat de la Société his­torique Nou­velle-Beauce d’effectuer des enquêtes orales auprès de pio­nniers de l’aviation civile au Québec. Mal­heureuse­ment, elle est décédée avant de pou­voir véri­ta­ble­ment tir­er prof­it de sa recherche en la dif­fu­sant sous une forme ou sous une autre. C’est Nicole Dori­on, une eth­no­logue d’expérience qui a pris la relève et qui a pour­suivi le tra­vail de Françoise.

Françoise Dubé est décédée dans un acci­dent de la route le 27 févri­er 1992 en pleine activ­ité pro­fes­sion­nelle, alors qu’elle se rendait à un ren­dez-vous à Trois-Riv­ières. On pour­ra lire le texte com­plet de l’hommage de Bernard Gen­est en cli­quant ici. Not­er que le film “L’amour a des ailes” est un doc­u­men­taire de 78 min­utes sur l’aviation de brousse au Québec. Il a été réal­isé par Denis Boivin. Pro­duit par Dionysos inc. en 2015, il est dis­tribué par Neti­ma.

 

Image à la Une : De gauche à droite: M. Fecteau, fils, lui-même com­man­dant de bord, Thomas Fecteau, pilote de brousse, vedette du film, sa fille, Denis Boivin, le réal­isa­teur, Lise Cyr, l’an­i­ma­trice et Bernard Gen­est.

Françoise Dubé en entre­vue avec Thomas Fecteau, vedette du film «L’amour a des ailes ». Pho­to Louise Leblanc

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