Le conte de Cendrillon : de la Chine à l’Acadie sur les ailes de la tradition

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Ce con­den­sé est tiré de l’article de Ronald Labelle pub­lié ini­tiale­ment dans la revue Rabas­ka, vol­ume 15, 2017, p. 7–28.

Le per­son­nage de Cen­drillon dans la tra­di­tion orale française est forte­ment lié à celui de l’héroïne d’un con­te du sud de la Chine. Cette ver­sion racon­terait l’histoire d’une jeune femme orphe­line nom­mée Yeh-hsien qui était mal­traitée jusqu’à ce qu’une aide sur­na­turelle du monde ani­mal vienne à son sec­ours. Ce réc­it ori­en­tal mon­tre les divers motifs qui car­ac­térisent ce con­te bien con­nu et per­me­t­tent d’en retrac­er l’origine ori­en­tale vers l’an 850 après J.-C.

Le motif essen­tiel est la pan­tou­fle per­due qui est retrou­vée par le roi. Un autre motif qui se démar­que égale­ment est le com­pagnon sur­na­turel qui aide l’héroïne comme le pois­son mag­ique dont les os lui per­me­t­tent d’obtenir ce qu’elle veut et enfin un motif de recherche où le roi intrigué envoie ses délégués pour ramen­er la pro­prié­taire de la pan­tou­fle afin qu’il puisse l’épouser. Le con­te de Cen­drillon fait par­tie du pat­ri­moine uni­versel. Il est l’un des réc­its les plus anciens. Il est issu d’une longue tra­di­tion orale et écrite avec une répar­ti­tion géo­graphique assez éten­due de l’Asie du sud-ouest jusqu’à l’Acadie.

Cen­drillon essaie le souli­er. Illus­tra­tion de Gus­tave Doré pub­liée dans Les con­tes de Per­rault, Paris, J. Het­zel, 1862.

Ce con­te est celui qui a fait l’objet du plus grand nom­bre d’études com­par­a­tives depuis 1879 regroupant les vari­antes et liant les dif­férentes ver­sions.

Le con­te de Cen­drillon représente le type de con­te 510A de la typolo­gie Arne-Thomp­son-Uther (Atu) partageant plusieurs motifs sim­i­laires avec d’autres con­tes appar­en­tés, dont Atu 480, Les Fées, ou Les Fées recon­nais­santes. Au fil du temps, le con­te de Cen­drillon s’est répan­du dans le monde et dans les tra­di­tions orales européennes. En Acadie, un total de 35 ver­sions ont été com­pilées per­me­t­tant la préser­va­tion d’un pat­ri­moine immatériel qui témoigne d’une trans­mis­sion orale inin­ter­rompue. Dans cette région, Cen­drillon est sou­vent un con­te hybride qui illus­tre non seule­ment un proces­sus de trans­for­ma­tions des con­tes, mais reflète égale­ment com­ment les tra­di­tions orales ont une con­ti­nu­ité les reliant à celles d’Europe et d’Asie. Les ver­sions aca­di­ennes con­ti­en­nent des détails scat­ologiques qui rap­pel­lent les fabli­aux du Moyen Âge. Les nar­ra­teurs aca­di­ens ont main­tenu un lien entre les con­tes de fées et celui de Cen­drillon (appelée Cen­drillouse en Acadie) afin d’assurer une cohérence en com­bi­nant des élé­ments et en s’éloignant ain­si du car­ac­tère des con­tes de Per­rault.

Le con­te de Cen­drillon est un exem­ple clair d’un con­te qui a voy­agé depuis ses orig­ines à l’autre bout du monde présen­tant ain­si un beau reflet de l’imaginaire col­lec­tif de l’humanité et mon­trant un pat­ri­moine immatériel qui s’est propagé depuis l’Asie du sud-est pour finale­ment aboutir en Acadie.

On peut lire l’article orig­i­nal de Ronald Labelle ici.

 

Crédits
Rédac­tion : Liz Pamela Fajar­do
Révi­sion : Louise Décarie
Mise en page : Marie-Ève Lord

 

Image à la une : Cen­drillon perd son souli­er que récupère le prince char­mant. Illus­tra­tion par­tielle de la toile Cin­derel­la d’Ele­na Ringo, 1999 (CC BY 3.0).

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