24 juin 2016 |
Le 18 juin dernier, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de la Société québécoise d’ethnologie, Bernard Genest a quitté son conseil d’administration. Avec ces quelques mots, nous souhaitons lui rendre hommage en soulignant son apport d’exception au concept de patrimoine immatériel et à la mission de la SQE.
En 2012, à l’initiative de Bernard Genest, la SQE met sur pied le Programme de valorisation des porteurs de traditions en régions afin de rendre hommage à des citoyens qui ont contribué à l’enrichissement du patrimoine culturel québécois, de valoriser dans leur milieu naturel des pratiques identitaires, de favoriser leur transmission auprès des jeunes générations et d’encourager leur maintien. À ce jour, la Société a rendu hommage aux héros légendaires du canotage sur glace (L’Islet-sur-Mer, 2012), aux artisanes du fléché (Saint-Jean-de-Matha, 2013), aux acériculteurs (Saint-Joseph-de-Beauce, 2014) et aux facteurs d’accordéon (Montmagny, 2015).
Cette initiative découle de l’intérêt conjugué de Bernard Genest pour les patrimoines matériel et immatériel, domaines qu’il a cultivés au sein du ministère de la Culture et des Communications de 1974 à 2006 et auxquels il a consacré livres et articles. Rappelons tout d’abord qu’il fut à l’origine des travaux qui ont conduit le gouvernement du Québec à inscrire la notion de patrimoine immatériel dans la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel en vigueur depuis 2012.
À la demande de la SQE, c’est en vertu de cette loi que la pratique du canot à glace sur le fleuve Saint-Laurent a été désignée par l’État québécois en 2014 au titre de patrimoine immatériel. Ce concept est dans la mire scientifique de Bernard Genest depuis vingt ans déjà. En 1994, il dirige et fait paraître aux Publications du Québec, un ouvrage fondateur rédigé par Sophie-Laurence Lamontagne : Le Patrimoine immatériel. Méthodologie d’inventaire pour les savoirs, les savoir-faire et les porteurs de traditions. Selon lui : « Le présent ouvrage vise deux objectifs : clarifier la notion d’immatériel en synthétisant l’essentiel du discours qui l’a fait naître et proposer une méthodologie propre à la collecte et au rassemblement des informations relatives aux savoirs, aux savoir-faire et aux personnes qui en sont les agents de transmission : les porteurs de traditions ».
Suivant le dépôt du Mémoire sur le patrimoine immatériel à la Direction des politiques culturelles et de la propriété intellectuelle en 2001, il poursuit résolument sa mission lorsqu’il publie en 2004 avec sa collègue Camille Lapointe Le Patrimoine culturel immatériel : un capital social et économique, qui est une version revue et abrégée du Mémoire. En 2007, pour bien souligner que le patrimoine immatériel doit survivre à ses fonctions au ministère dont il était retraité depuis peu, Bernard Genest publie dans notre revue Rabaska, « Le Patrimoine immatériel en Belgique francophone : un modèle pour le Québec » (volume 5, p. 47–70).
Si Bernard quitte ses fonctions au conseil d’administration, c’est pour se consacrer davantage au Programme de valorisation des porteurs de traditions dont la prochaine manifestation devra honorer des porteurs de traditions en pays de Charlevoix. Qu’il soit ici chaleureusement remercié pour les immenses services qu’il a déjà rendus et qu’il continuera de rendre à la SQE et à l’ethnologie du Québec tout entière.
Jean Simard
Image à la Une : Bernard Genest Photo : Yvan Chouinard
Un commentaire
Tous, vous avez été des mentors. J’ai plaisir à vous retrouver ici. Une des plus belles passions de ma vie m’a permis de vous connaître. Votre acharnement qui a fait en sorte que l’ethnologie a avancé, pris forme avec des travaux novateurs, demeurera et demeure un exemple pour moi et pour bien des personnes.
Merci Yvan pour ce texte sur la cordonnerie. Tu écris vraiment bien.
Félicitations Jean pour ce prix tellement mérité.